Mention coup de cœur du Jury Maï (g) wenn et les Orteils Maï (g) wenn et les Orteils est une compagnie de danse et de gigue contemporaines qui travaille avec des artistes professionnels ayant une incapacité intellectuelle ou cognitive. Depuis 2008, cet organisme à but non lucratif fait la promotion d’une scène culturelle diversifiée et sensibilise le grand public au potentiel artistique des personnes ayant des besoins particuliers. Elle offre également à ses artistes la possibilité d’atteindre leur plein potentiel. Maï (g) wenn et les Orteils, c’est une compagnie de gigue et de danse contemporaine. On est une compagnie de création, de production, de tournée. On fait aussi beaucoup de médiation culturelle. On va à la rencontre du public, essentiellement des enfants dans des écoles de niveau primaire. Je suis très consciente du regard des autres sur les gens qui vivent avec une différence. Le regard qui va se dérober, le regard qui n’est pas vraiment affirmé. À travers les œuvres, quand les artistes sont sur scène, tu n’as pas le choix de les regarder. Tu viens pour ça, tu es là pour ça. Avec les œuvres des Orteils, les gens viennent, voient, apprécient ce que ces artistes-là ont à livrer. On prend la peine de faire des discussions avec le public après chaque représentation. On prend ce temps-là, on a la chance de pouvoir échanger avec eux. Ils nous posent des questions. On a beaucoup de rétroaction. Je pense que le commentaire qui revient le plus souvent, c’est : « Ça ne paraît pas la différence une fois que vous êtes sur scène, une fois que vous êtes en action. On ne la voit plus cette différence, on l’oublie rapidement. » Grâce aux ateliers qu’on donne dans les écoles, eux aussi, finalement, finissent par ne plus la voir différence. Je pense que quand on touche à ça, chez les Orteils, on peut se dire : « Mission accomplie! » MaÏ (g) wenn avait commencé avec Anthony Dolbec et elle m’avait demandé un jour si je voulais faire de la gigue. J’ai trouvé ça vraiment le « fun » et extraordinaire parce qu’il y a beaucoup de discipline là-dedans. On s’entraîne. On fait beaucoup de répétitions. On faisait beaucoup de spectacles. Ça m’a appris aussi que je suis capable d’avoir une bonne détermination. Je suis capable de m’entraîner beaucoup. Ça m’a donné une grande discipline. À force de faire des spectacles et des représentations, ça m’a dégênée. Ça m’a sortie de ma coquille, de ma zone de confort. On dirait que de m’affirme plus aujourd’hui qu’avant. T’es capable! Pour la nouvelle création d’Avec pas d’cœur, je vais toujours me rappeler que j’avais le sourire dans la face pendant un mois de temps parce que je « capotais » de joie d’avoir été choisie. Comment ça a changé ma vie? J’ai pu avoir un métier en tant qu’artiste multidisciplinaire. Être sur scène, ça a été une des meilleures affaires qui m’est arrivée dans ma vie. À travers le travail qui est fait chez Maï (g) wenn et les Orteils, ça fait en sorte que ceux qui ont un potentiel, ceux qui ont envie de travailler dans le milieu artistique y trouvent leur place en quelque sorte. Ça leur donne cette possibilité-là. Ça prend des compagnies, ça prend des organismes qui croient que les personnes qui vivent avec un handicap ou avec une différence intellectuelle, une différence cognitive, avec un trouble du spectre de l’autisme, qui ne sont pas dans les normes, d’être capable de voir, de reconnaître qu’ils ont autant à donner qu’un artiste professionnel neurotypique, que c’est riche de travailler avec eux. Ça en prend plus. S’il y a des chorégraphes émergents, des metteurs en scène, des compagnies de théâtre, je vous encourage à les engager. Je vous encourage à faire comme les Orteils ou autre chose, mais de reconnaître que ces gens-là ont autant de talent que n’importe quel artiste professionnel.