[Épisode du balado Capable, entreprendre sans limites, avec Jani Barré] - Vous écoutez Capable, entreprendre sans limites. Un balado offert par le Gouvernement du Québec. [Kim Auclair] - Aujourd'hui, le thème, c'est l'art d'inspirer et on reçoit Jani Barré, auteure, conférencière, humoriste et athlète. Jani, je suis vraiment contente de t'avoir avec moi en studio, aujourd'hui. Est-ce que tu pourrais te présenter un peu? [Jani Barré] - Oui, premièrement, je veux te dire que ça me fait plaisir que tu aies pensé de m'inviter, je te remercie beaucoup. Je suis remplie de gratitude de pouvoir vivre pleins de belles expériences comme ça. Alors, merci beaucoup de ton invitation. Premièrement, pour te parler un petit peu de moi, je suis en fauteuil roulant depuis ma naissance. J'ai l'ostéogenèse imparfaite, qui est une maladie qu'on appelle aussi la maladie des os de verre. Pour que les gens comprennent bien, c'est comme si tu avais un verre d'eau et que tu échappais le verre par terre. Qu'est-ce qui va arriver? [Kim] - Il casse. [Jani] - Oui, le verre casse. Il peut casser en millier de morceaux. Moi, j'ai subi, depuis ma naissance, 157 fractures. Alors, je me suis fracturée 157 fois, c'est énorme. [Kim] - Vraiment. [Jani] - Oui, c'est beaucoup de fractures, même que je te dirais que de ma naissance à l'âge de quatre ans, j'avais déjà 36 fractures de faites. Alors, c'est énorme, mais c'est ça ma vie. Dans le fond, je n'ai pas connu d'autre chose que ça. J'ai eu cette maladie-là, je n'ai pas été chanceuse là-dessus, mais je te dirais que j'aime beaucoup ma vie, aujourd'hui. Même si ça a été extrêmement difficile, aujourd'hui, ma vie va extrêmement bien. [Kim] - Parce que tu as créé, un peu, ton propre emploi. Il y a différentes façons d'entreprendre, mais pourquoi tu es ici, aujourd'hui, ce qui m'a attiré dans ton parcours, c'est comme si tu as plusieurs chapeaux en même temps. Mais tout va dans la volonté d'inspirer, qui est le thème, aujourd'hui, du « podcast ». La volonté d'inspirer et ça va tout là-dedans, autant à titre de conférencière, d'humoriste, d'athlète également. [Jani] - Exactement, quand ma santé a commencé à aller mieux parce qu'honnêtement, moi, j'ai passé la moitié de ma vie à l'hôpital. Alors, le fait que j'ai passé la moitié de ma vie à l'hôpital, j'étais brimée dans tout. Je ne pouvais rien faire parce que j'étais toujours facturée. J'étais toujours cassée. Alors, en ayant passé la moitié de ma vie, j'ai manqué beaucoup de choses. Pourquoi aujourd'hui, je fais tout? Parce que même les gens me disent souvent : « Mon Dieu, Jani, on te voit partout. » Bien, c'est clair que tu vas me voir partout, parce qu'aujourd'hui, j'ai du temps à rattraper. Moi, pourquoi je vais mieux, je vais te le dire avant qu'on enchaîne dans les questions, c'est que j'ai reçu un traitement qui s'appelle de l'Aredia. C'est un traitement expérimental que j'ai reçu pendant huit ans de temps, intraveineux, qui est allé renforcir ma densité osseuse. Alors, les gens, pour qu'ils puissent comprendre, avant, c'est ça, je cassais toujours en morceaux. J'avais une ou deux fractures par semaine, puis aujourd'hui, je suis très heureuse de t'annoncer que ça fait vingt ans, cette année, que je ne me suis pas fracturée. À cause de cette raison-là, d'avoir reçu ce traitement-là que j'appelle une potion magique, qui a été renforcir mes os, là, j'ai commencé à vouloir faire plein de choses. [Kim] - Mais cette volonté-là, d'inspirer, oui, tu as eu le goût de faire plein de choses, mais quand est-ce que c'est venu exactement, le déclic que tu voulais faire ça? Est-ce que c'est parce que tu avais des modèles ailleurs, que tu savais que c'était possible de le faire? [Jani] - Quand j'ai commencé à aller mieux, c'est là que j'ai eu envie de faire plein d'affaires. Premièrement, je dois t'avouer que j'ai écrit mon livre « 157 fractures : histoire vraie ». Quand j'ai écrit mon livre, premièrement, ça a été une délivrance pour moi, d'écrire tout ça. De retourner à mon enfance, de me rappeler tout ce que j'ai traversé, ce que j'ai vécu. Ensuite de ça, en écrivant mon livre, ça m'a donné envie de, justement, devenir conférencière. D'aller inspirer les gens parce que je me suis dit : « Si moi, j'ai été capable de traverser tout ça, il y a du monde qui peut me prendre comme une inspiration et être capables de faire plein de choses. » Et, le fait aussi que dans mon enfance, j'ai tellement pleuré, j'étais tellement triste, j'avais mal partout, je me cassais tout le temps, alors, il y a un moment donné dans ma vie, j'avais le goût d'avoir du plaisir, j'avais le goût d'avoir du fun, j'aime ça, avoir du fun. Alors, je me suis inscrite à l'École nationale de l'humour à Montréal, où j'ai suivi des cours pendant deux ans, de soir. En fait, ce chemin-là s'est fait tout seul. Honnêtement, pour répondre à ta question, ce n'est pas quelqu'un, vraiment, qui m'a inspiré, parce que pour vrai, ce n'est pas pour paraître prétentieuse, mais je m'inspire toute seule. Moi, c'est le fait que j'avais envie, moi-même, de vivre tout ça. J'avais envie d'être conférencière, pour inspirer les enfants ou les adultes également. Et j'avais envie d'avoir du plaisir. Alors, en suivant mes cours à l'École nationale de l'humour, je riais, j'avais du fun. Et je me suis lancé dans le sport. Pourquoi, le sport? Parce que c'était la seule solution pour avoir une belle qualité de vie. Parce que mes os sont fragiles, alors moi, je me suis toujours fait dire par mon docteur glorieux, à l'Hôpital Shriners de Montréal : « Il faut que tu fasses du sport pour aller faire des muscles qui vont protéger tes os fragiles. » Alors là, je te parle et je suis très musclée, je m'entraîne à tous les jours et même d'ailleurs, je suis la première femme marathonienne en fauteuil roulant régulier. La première femme au Canada à faire des marathons en fauteuil roulant régulier. Même que je m'apprête, dans deux mois, à aller réaliser un record Guinness à Londres. J'avais toujours dit: « Je vais faire 10 marathons dans le monde et je vais m'inscrire dans le livre des records Guinness », alors je suis très heureuse de vous annoncer, même à tous ceux qui nous écoutent en ce moment, que le 21 avril cette année, je vais être à la ligne de départ du marathon de Londres et le titre du… [Kim] - Félicitations! [Jani] - Merci beaucoup! Le titre du record : « Le marathon le plus rapide en fauteuil roulant féminin ». Alors, d'aller détenir un record comme ça, moi, c'est le rêve de ma vie! Fait que conférencière, humoriste, athlète… Moi, ça va très bien! [Kim] - Ton cerveau, qu'est-ce qui se passe dans ton cerveau Jani? Tu bouillonnes d'idées comme ça, c'est la réalité de plusieurs entrepreneurs, mais quelqu'un comme toi qui as peut-être une différence, est-ce que tu te sens limitée ou c'est vraiment… [Jani] - Très belle question, c'est qu'avant, je me sentais très limitée, je ne pouvais pas rien faire parce que de toute façon, je me cassais à rien, alors j'étais extrêmement limitée. Mais là, en ayant reçu ce traitement-là qui a renforci mes os, qui a amélioré ma qualité de vie, j'ai le goût de tout faire. Alors aujourd'hui, c'est comme si j'avais le goût de rattraper le temps perdu parce que je dis toujours ça moi : « Je veux rattraper le temps perdu ». [Kim] - Je suppose que c'est un sentiment de grande satisfaction de pouvoir dire, on a accompli quelque chose… [Jani] - Ben, mets-en! [Kim] - Et de pouvoir, comme dire aux autres : « Regarde, vous m'avez toujours bloquée un peu ». [Jani] - C'est la vie, c'est ma maladie, c'est le fait d'avoir cette maladie-là, que j'étais bloquée partout… [Kim] - Ça je comprends. [Jani] - Mais aujourd'hui, je suis remplie de gratitude et j'ai le goût de dire aux gens : « Si moi, je suis capable de tout faire ce que je vous raconte là, en m'ayant cassée, en m'ayant fracturée 157 fois, en m'en allant me chercher un record Guinness dans deux mois, ben mon Dieu, vous êtes capables de faire bien des affaires! » Non, mais là après ça, des fois, c'est nous qui nous mettons nos propres limites. Moi, j'avais pas le choix, j'avais cette maladie-là. Maintenant, j'en ai zéro excuse, parce que ma santé va bien, je m'entraîne, je suis faite forte, je peux réaliser plein de choses. Moi, mon père est dans les médias, mon père est commentateur de boxe à RDS. [Kim] - Ah! [Jani] - Alors, j'avais toujours mon modèle de mon père qui a une facilité à communiquer, je veux dire, j'ai toujours vu mon père à la télévision, ça m'a toujours allumée, j'ai toujours aimé la télé. Je me disais tout le temps : « Un jour, moi aussi, je vais faire ça ». Fait que moi, de faire de la télévision, de faire des podcasts, moi, j'adore les médias, j'aime ça. [Kim] - Parle-moi Jani parce que le thème, c'est la volonté d'inspirer, mais aussi de montrer aux gens, d'inspirer en fait les entrepreneurs qui ont une différence, à faire leurs premiers pas dans leur propre carrière, de se créer leurs propres opportunités. Parle-moi de tes premiers clients parce que je veux, je m'intéresse aussi. Le fait d'être devant une foule, d'être devant plusieurs personnes en même temps. Comment est-ce que tu l'as trouvé ce client-là? [Jani] - Ben mes premiers clients, mettons qu'on parle par rapport à mes conférences, ben c'est moi qui avais, je me souviens très bien, j'avais imprimé le bottin téléphonique de toutes les écoles au Québec. Ah oui, il est très gros, je te le dis, c'est épais de même, j'avais tout imprimé ça, ça m'avait coûté cher d'encre! Écoute, j'avais toutes les écoles primaires et secondaires au Québec avec les numéros de téléphone des directeurs, directrices, alors les premières semaines, même plus que ça, les premiers mois, j'étais au bout de ma table de cuisine à tous les jours, je faisais trois heures de téléphone par jour. Je voulais pas en faire plus que ça, parce qu'à un moment donné, j'étais tannée. Mais trois heures par jour, c'était ma priorité de faire des appels. Tu sais moi là, j'ai bien beau vouloir être conférencière ou vouloir faire des spectacles d'humour, ben si je reste chez nous sur les « brakes » avec ma chaise roulante et j'attends moi que les contrats rentrent, ça arrivera pas. Fait que je suis qui moi? Avant les gens se disaient : « C'est qui ça Jani Barré? » Maintenant les gens savent je suis qui. Mais j'ai travaillé fort! [Kim] - Mais oui! [Jani] - Ça fait neuf ans, moi là, cette année que je suis conférencière. [Kim] - C'est quoi que tu leur disais au téléphone? Que tu es quoi? [Jani] - Qu'est-ce que je leur disais? [Kim] - Les premiers, c'est tout le temps plus difficile, là aujourd'hui, on a juste à Googler ton nom. [Jani] - Oui. [Kim] - Puis tout est là. [Jani] - Mon nom sort partout. [Kim] - Mais les premiers, les premiers, ça ressemble à quoi? [Jani] - Comme je te dis, moi, l'élément déclencheur, du fait que ça a été plus facile pour moi, c'est l'écriture de ma biographie. Tu sais moi, en ayant écrit ma biographie, j'ai passé, j'ai été à l'émission de Denis Lévesque, même que Denis Lévesque, j'ai fait trois fois son émission, j'ai été extrêmement chanceuse, je suis une grande inspiration pour monsieur Lévesque. Ça, c'est certain que d'avoir fait une émission de télévision comme ça, ça m'a énormément aidée à me faire connaître. Mais c'est ça, c'est en faisant des émissions, ça a été encore plus facile pour moi. Et pour répondre à ta question : « Qu'est-ce que je faisais? » Quand je téléphonais, je leur disais: « Moi, j'ai pas de misère à parler, alors j'ai pas de misère à m'exprimer non plus là ». Fait que je disais : « Je me présente, mon nom est Jani Barré, moi, je suis conférencière et je suis en fauteuil roulant » et puis là, j'expliquais que j'ai subi 157 fractures, mais que c'est ça, j'ai écrit mon livre : « 157 fractures, histoire vraie », qui est en vente partout au Québec, puis je dis : « Moi, mon intention de vie est d'inspirer le plus de gens possible. J'aimerais ça venir inspirer vos jeunes dans votre école » et puis il faut aussi que je vous avoue que ça m'a pris quand même six mois monter ma conférence. Tu peux pas faire un appel, de dire, puis demain matin « Ah, moi, je suis conférencière ». Non, non. Ça m'a pris six mois monter ma conférence. Je suis allée en fil conducteur, de ma naissance à aujourd'hui. J'avais aussi préparé des photos pour faire du visuel, alors moi quand je vais dans les écoles, les enfants ou les adultes parce que je vais vraiment partout, moi. Je fais les écoles primaires, secondaires, les cégeps, les entreprises, les organismes, même les résidences de personnes âgées. J'ai même déjà été offrir une conférence dans une prison pour femmes, inspirer les femmes en prison. Je vais partout. Je suis très caméléon. C'est une belle qualité. Je m'ajuste avec tout le monde. [Kim] - J'essaie de revenir dans ta tête. Quand on a plusieurs expériences, c'est facile de parler de tout ce qu'on a accompli. Mais vu que le podcast s'adresse aussi à réveiller les gens, passer à l'action. Quand on tourne dans les appels, ce n'est pas tout le monde qui a cette capacité-là. [Jani] - En fait, ce n'est même pas les appels tout de suite à faire. C'est de monter ta conférence. Première étape avant même de prendre le téléphone, c'est de monter ta conférence. [Kim] - Mais ce n'est pas tout le monde. Tu t'entends, ce n'est pas tout le monde qui a cette capacité de communiquer ou de se vendre puis d'arriver à décrocher le téléphone. [Jani] - C'est toutes des choses à faire. Ça s'appelle surmonter ses peurs. C'est d'aller plus loin. Mais je comprends exactement ce que tu dis. [Kim] - Je n'aurais jamais fait ça par téléphone pour être bien honnête. Pour moi, c'est beaucoup les courriels. J'envoyais 5 millions de courriels. [Jani] - Ah, je le sais. [Kim] - Vu que j'ai une surdité. [Jani] - Au début, quand je t'avais demandé de me parler au téléphone, t'aimais moins ça. [Kim] - C'est ça. [Jani] - Non, c'est correct. Dans le fond, tu sais quoi? C'est de monter ta conférence comme il faut, solide. Une conférence qui dure au moins une heure. [Kim] - D'avoir un produit à présenter dans le fond. [Jani] - Exactement. Très solide. Comme je te dis, ça m'a pris six mois monter ça. Ensuite de ça, quand tu commences à faire des appels, tu n'es pas obligée de dire que vous êtes mon premier téléphone. Non. Tu fais comme si tu en avais déjà fait pareil. C'est un choix. [Kim] - Une question. Je te coupe. Mais j'avais une question. Quand vient la question de dire de prix, tu te basais sur quoi exactement? [Jani] - Premièrement, le prix au début. Je n'étais pas chère. Je ne suis encore pas chère. [Kim] - D'accepter de faire bénévolat de moins cher pour acquérir. [Jani] - Personnellement, si tu veux que je te réponde, du bénévolat, non. Parce que moi c'est mon travail. Je suis travailleur autonome. Je veux vivre de mes conférences. Dans le fond, je ne suis pas sur l'aide sociale. Si je serais sur l'aide sociale, je serais payée. Je me dis que je fais des conférences bénévoles. Bon, correct. Mais ce n'est pas ça mon cas. Je travaille. Je suis travailleur autonome. Il faut que je fasse des sous. Mon prix de conférence, par contre, n'était vraiment pas cher. Mon but, j'étais consciente que c'était d'en faire le plus possible. Je ne voulais pas me faire refuser pour une question d'argent. De toute façon, on s'entend que je n'avais pas encore plein d'expérience. [Kim] - Non, mais au moins, je pense que c'est un bon élément. [Jani] - J'avais un prix de base. J'étais contente avec ça. [Kim] - Quand tu passes à la télévision, quand tu as des retombées médiatiques, ça prend de la valeur. Ça monte. [Jani] - Ça, c'est clair. [Kim] - C'est se donner le droit d'accepter de commencer bas prix, mais d'accepter d'augmenter aussi. [Jani] - Oui, mais c'est ce qui est arrivé. C'est qu'au début, j'étais bas prix. J'ai pris de l'expérience, tout ça. J'ai mis un prix très très très abordable. C'était juste pour prendre de l'expérience. Même aujourd'hui, je te parle neuf ans plus tard, mon prix est très abordable. Pourquoi? Il y en a plein que je connais que leurs prix sont tellement élevés. Je ne nommerai pas de noms, mais je connais beaucoup de monde dans le métier. Leurs prix sont tellement élevés qu'ils n'en font pas. Ce n'est pas mon cas. Mon prix n'est pas cher. Alors là, le monde se dit, je vais appeler Jani Barré. Parce que tout le monde finit par se parler. Je ne passe pas inaperçu. Tu me vois une fois, tu te rappelles de moi longtemps. [Kim] - Je vais me rappeler. [Jani] - Tu vas t'en rappeler longtemps de ma présence. Les écoles m'ont vue, m'ont entendue. Ça se parle entre eux autres. Il faut se donner la chance pour ceux qui nous écoutent. C'est ce que tu veux que je dise, dans le fond, pour leur montrer. Premièrement, montez votre conférence. Une fois que c'est monté, solide, prenez votre téléphone, prenez votre courage à deux mains. Commencez tranquillement, un téléphone à la fois. Au moins avoir la chance de faire deux ou trois écoles. À un moment donné, tu te dégênes. Tu n'as pas le choix de surmonter ça. Aujourd'hui, ça fait neuf ans que je fais ça. C'est facile, ça va très bien. Même que je te dirais que je n'ai plus besoin de passer trois heures par jour au téléphone. Moi, c'est fini. [Kim] - Je sais. [Jani] - C'est terminé. Avant, c'est moi qui courais après eux autres. Là, c'est le monde qui court après moi. Il faut se donner la chance. Tout le monde commence quelque part au début. Avec le temps, ça devient plus facile. [Kim] - Exact. On parle beaucoup, tout ton parcours, c'est toi qui as fait les efforts. Mais on s'intéresse aussi dans le podcast, c'est quelles sont les ressources? Quelles sont les aides que tu as eues? Est-ce que tu as eu des organismes? Est-ce que tu as déjà approché des organismes qui t'ont aidé pour atteindre certains objectifs? Que ce soit au niveau des finances, que ce soit des mentors, des services de mentorat, par exemple, ou des finances. [Jani] - En fait, je m'en allais dire non, mais il y a une affaire que j'ai bien aimée, avec laquelle j'ai fait partie. C'est un organisme, c'était pour aider les personnes handicapées à retourner sur le marché du travail. J'ai été avec SPHÈRE Québec. [Kim] - Oui, SPHÈRE Québec. [Jani] - C'est un organisme qui m'a aidée. J'ai été avec SPHÈRE Québec pendant un an et demi. [Kim] - Par quelles personnes? Pourquoi exactement? À quelle période de ta vie? [Jani] - SPHÈRE Québec, c'est parce que je venais de fermer mon salon de bronzage. J'ai eu un commerce pendant dix ans. Oui, j'avais suivi un cours en lancement d'entreprise, un DEP, un DEP qui dure un an. J'avais suivi ce cours. Puis, j'ai lancé un salon de bronzage, j'ai bien aimé ça, j'ai eu ça pendant 10 ans. Quand mon salon de bronzage a fermé, je me suis ramassée que je n'avais plus d'emploi. Puis, j'ai toujours trouvé ça, personnellement, je te le dis, plus difficile. En étant en fauteuil roulant, même si j'ai de la jasette, même si j'ai une belle présence, puis, je suis capable de me vendre, j'ai toujours quand même trouvé ça difficile de me trouver un emploi. Tu sais, il faut toujours que tu pousses plus fort des fois, quand tu es en chaise roulante, quand tu es handicapée. J'ai tout le temps trouvé ça dur. Là, le salon de bronzage, c'était moi qui s'était engagée toute seule. C'est moi qui avais… [Kim] - Ça t'a donné cette fibre-là, tu le savais que tu étais capable d'aller plus loin. [Jani] - Oui, par contre, quand j'ai fermé mon salon de bronzage, là, je n'avais plus rien. Donc, je faisais quoi? Est-ce que je me recréais moi-même un autre emploi? Ou, j'allais me faire engager ailleurs? Puis, c'est là que je suis allée demander de l'aide. J'ai vu qu'il existait un programme, « SPHÈRE Québec ». Puis, je suis allée les voir, et, c'est là que la madame m'a expliqué : « Nous, on est ici pour vous aider à faire un travail qui va vous convenir ». J'ai trouvé ça génial. Pendant un an et demi, j'ai été suivie avec eux autres. Et, c'est avec ce programme-là, « SPHÈRE Québec », que j'ai même pu écrire mon livre. C'est eux aussi qui m'ont aidée avec ça. J'avais déjà commencé à écrire mon livre quand j'étais rentrée avec SPHÈRE Québec. Mais, eux m'ont encore plus aidée. [Kim] - Mais c'est intéressant, Jani, ce que tu dis, parce que dans le fond, les ressources, les gens ne les connaissent pas. Donc, si tu dis Services Québec, SPHÈRE Québec, pardon, les gens peuvent aller là, s'ils ont ce goût d'entreprendre… [Jani] - Très beau programme. Eux autres, tu sais quoi? Ceux qui nous écoutent, c'est pour aider à retourner sur le marché du travail. Alors, tu as un handicap, mais, tu veux retourner travailler. Eux autres sont là pour te suivre. C'est un programme qui dure un an, mais, si tu as besoin d'un peu plus d'aide, ça peut être un petit peu prolongé. Moi, je me rappelle, ça a duré un an et demi parce que je faisais bien ça, puis, j'avais encore besoin d'eux autres. Donc, ils m'ont suivi un petit peu plus longtemps parce qu'en plus de tout ça, j'ai eu l'opportunité de suivre mes cours à l'École nationale de l'humour avec eux autres. [Kim] - Ah oui? [Jani] - Oui, je suis allée suivre mes cours de soir avec eux autres. Même qu'ils payaient, eux autres, mon aide accompagnatrice. [Kim] - Je reçois des fois des clients, puis, ça vient de SPHÈRE Québec parce qu'ils ont besoin de l'aide de marketing, de réseaux sociaux ou quoi que ce soit. […], ce sont tous des gens qui veulent se partir en affaires. Alors, ils vont subventionner certaines formations. Donc, c'est intéressant à savoir. [Jani] - Oui, ils ont subventionné ça. J'ai suivi des cours de soir à l'École nationale de l'humour parce que c'est ce que je voulais. Ils te demandent vraiment qu'est-ce que tu veux? Après ça, quand je leur ai dit : « Je veux être conférencière », c'est à eux autres que j'ai dit ça : « Je veux être conférencière. » Bien, conférencière, j'avais besoin de choses. J'avais besoin d'un portable. J'avais besoin… Je voulais avoir aussi un tableau pour écrire. Ce sont des choses qui avaient été subventionnées. Dans le fond, il faut que tu leur démontres, par contre, je le dis, ce sont tous des beaux cadeaux de Noël, mais, il faut que tu démontres que tu travailles. Toutes les semaines, il fallait que je leur démontre ce que j'avais fait. [Kim] - Donc, il y avait des rapports, il y avait des suivis à faire. [Jani] - Oui, ce n'est pas juste… [Kim] Non. - Non, je comprends très bien. [Jani] - Oui. [Kim] - Puis, dirais-tu aujourd'hui Jani, au moment où on se parle, c'est quoi un des plus gros défis que tu as toujours malgré ton handicap, ta différence, un défi qui est encore présent, que tu te bats encore pour ça? [Jani] - C'est certain que moi, tu sais… Là, je m'en vais dans un autre sujet, mais moi, cette année, je fête mes 10 ans de sobriété. Puis, quand je dis ça, ça sonne que j'ai déjà eu des problèmes. Alors, oui, j'ai eu des problèmes de consommation, il y a une période de ma vie, que ça a été très difficile. Mais, le 8 septembre 2014, j'ai complètement arrêté l'alcool, la drogue et la cigarette. J'ai arrêté ces trois dépendances-là destructives, le 8 septembre 2014. Oui, parce que j'étais en train de complètement détruire ma vie. Alors… [Kim] - Ça peut arriver pour les personnes qui ont une différence de se sentir un peu prises dans un… Parce qu'elles n'ont pas d'aide. Puis, de tomber, ça va être plus facile de tomber dans ces sujets-là. [Jani] - Dans le fond, c'est ça. Ça m'est arrivé. Puis, c'est juste quand j'ai fermé ma porte de salon de bronzage, ça a été l'élément déclencheur, de perdre mon commerce, dans le fond. Ça a été un gros choc pour moi. [Kim] - On voit l'impact de SPHÈRE Québec, à ce moment-là, dans ta vie. [Jani] - Exactement, j'ai eu cette période-là, de la perte de mon commerce. Puis, j'ai eu cette période très difficile de consommation. Ensuite de tout ça, le 8 septembre 2014, ce matin-là, je me suis réveillée, puis, j'ai dit: « J'arrête, ça va le faire, il faut que je me reprenne en main ». Alors, tout a suivi. Tu sais, je ne suis pas restée là-dedans, mais j'ai fait des efforts. J'ai fait cinq ans de meeting, assidue, toutes les semaines, trois à quatre fois par semaine de meeting. J'ai tout fait, honnêtement pour m'en sortir. Puis aujourd'hui, je suis sportive. Là, ma vie est complètement transformée pour faire ça plus vite, plus rapidement ce sujet-là. Je carbure au jus d'orange, je fais du sport, j'ai complètement lâché toutes ces dépendances-là qui étaient en train de briser ma vie pour une vie merveilleuse aujourd'hui. Même que je suis en pleine forme, je ne peux pas être… [Kim] - Et ça, malgré que ton handicap est toujours là, mais, le mot handicap, pour toi, ça veut dire quoi? Quand je dis le mot handicap, pour certaines personnes, de faire tout ce que tu fais, c'est comme impossible. [Jani] - Tu sais, un handicap, c'est ça, c'est quelque chose que… C'est un handicap qui t'empêche de faire quelque chose. Ça, je vis avec ça, je l'accepte. C'est beau ça, c'est un de mes mots préférés en passant : l'acceptation. Moi, j'ai accepté ma condition. Tu peux pas être conférencière en passant, tu peux pas aller inspirer les gens si toi, tu ne t'aimes pas toi-même. Puis, tu ne t'acceptes pas comme t'es. Comment tu peux faire pour aller inspirer? Impossible. Alors moi, il a fallu que je passe par toutes ces étapes-là d'acceptation, d'accepter ce que j'avais pour… c'est là l'écriture de mon livre, par exemple. Tu vois, tout ce que je te raconte, c'est toutes des étapes que j'ai dû faire, traverser. Et puis ça n'a pas toujours été facile, mais c'est beau. Ma sobriété, c'est la même chose, tu sais, ce n'était pas facile ça. Ça a été extrêmement difficile. Mais regarde, qu'est-ce que je suis aujourd'hui, si ça fait partie de ma vie, je m'en suis sortie, c'est parfait. [Kim] - Jani, t'a quand même accompli beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Puis, on s'en va vers la fin de l'entrevue déjà. Tu as mentionné énormément de conseils durant toute l'entrevue. Je te dirais si tu avais un seul conseil pour les personnes qui voudraient passer à l'action, entreprendre, créer leurs propres opportunités, ça serait quoi? [Jani] - Bien, premièrement, c'est sûr que c'est d'apprendre à s'accepter peu importe votre condition, acceptez-vous tel que vous êtes. Ensuite, de ça, aimez-vous, aimez-vous intensément. Combien de fois je le répète ça? Parce que moi, je ne m'aimais pas assez. Tu sais, aujourd'hui, je m'aime, je suis contente. Puis ne restez pas isolé chez vous. On a une vie, là, je ne sais pas si on en a rien qu'une ou on en a plusieurs, tu sais ça, c'est un autre sujet. Mais pour la vie que vous avez là, là. [Kim] - Je sens qu'on pourrait en parler longtemps avec toi. [Jani] - Je suis spirituelle, tu sais, je suis bouddhiste un petit peu pas mal. Fait qu'on a beaucoup de choses qu'on peut accomplir. Ne perdez pas de temps. Moi, je te l'ai dit au début de notre entrevue, j'en ai perdu beaucoup de temps. Là, j'ai du temps à rattraper. Puis c'est pour ça que je fais plein d'affaires, puis que le monde me dit tout le temps t'es partout, tu es donc bien énergique. Bien oui, mais c'est sûr, j'ai plein de choses à vivre. Moi, mon meilleur conseil, faites, réalisez vos rêves, ça, c'est super important. Moi, je suis en train de réaliser le mien, alors réalisez votre rêve. Vu qu'on a parlé beaucoup des conférences, si c'est en dedans de vous, que vous avez envie d'être conférencier, conférencière, faites-le parce que c'est un beau métier, ça fait du bien, c'est gratifiant. Vous allez inspirer des milliers de personnes. [Kim] - Tu l'as dit, avant de partager aux autres, il faut passer l'étape de s'accepter, puis de s'aimer. [Jani] - Exactement. Acceptez votre condition, aimez-vous intensément, écrivez votre conférence, faites des téléphones, puis allez inspirer le monde entier. [Kim] - Bien, Jani, tu m'as inspirée beaucoup, puis c'était vraiment un plaisir de t'avoir avec moi aujourd'hui. Merci beaucoup Jani d'avoir été avec nous en studio. [Jani] - Ça m'a fait plaisir! [Kim] - Rendez-vous pour le prochain épisode. On va parler de l'art de créer des relations. - Ce balado vous est offert par le gouvernement du Québec. [Votre gouvernement. Logo du gouvernement du Québec.]