[Septième épisode du balado Capable, entreprendre sans limites, avec Benoît Laflamme] [Narrateur] Vous écoutez « Capable, entreprendre sans limites », un balado offert par le gouvernement du Québec. [Kim Auclair] - Aujourd'hui, le thème de l'épisode, c'est la confiance en soi. J'ai avec moi un super invité, Benoît Laflamme, qui est conférencier. Bonjour Benoît. [Benoît Laflamme] - Bonjour Kim, ça va bien? [Kim] - Écoute, pourrais-tu te présenter un petit peu? [Benoît] - Oui, certainement. Je m'appelle Benoît Laflamme, je suis effectivement conférencier, j'étais également coach, consultant aussi. J'ai deux champs d'expertises principaux, je dirais, qui sont le développement personnel et aussi le marketing en ligne. Donc, j'aide les entrepreneurs un peu dans les deux côtés. Autant le savoir-faire au niveau de leur positionnement dans l'entreprise en ligne et aussi leur savoir-être comme humain. Donc, on travaille l'entrepreneuriat et on travaille surtout l'humain derrière l'entrepreneur. [Kim] - Qu'est-ce qui t'a amené là? Ça a démarré comment ce projet-là? [Benoît] - Écoute, c'est une longue histoire. Je vais essayer de faire ça court. Écoute, il y a eu un point de bascule dans ma vie en 2017. En fait, ça faisait une quinzaine d'années que j'étais déjà en affaires, j'étais partenaire dans une autre agence marketing. Puis bon, les défis de la vie m'ont amenés un petit peu à vivre un peu d'épuisement et une crise existentielle peut-être, ou une crise de la quarantaine, je ne sais pas. Mais bref, je brûlais un peu la chandelle par les deux bouts, puis il est arrivé des circonstances dans ma vie personnelle qui m'ont amenées à une dépression, à un « burn out », à un arrêt de travail j'ai tout arrêté. C'est là que j'ai pris conscience que j'avais fait l'erreur que beaucoup d'entrepreneurs font. C'est-à-dire de me concentrer beaucoup sur le business, sur l'entrepreneuriat, sur l'entrepreneur, en négligeant évidemment, l'humain derrière ça. Suite aussi, en plus, à une séparation personnelle, à un divorce professionnel, parce que j'ai quitté l'agence dans laquelle j'étais. Mon père est décédé dans cette période-là aussi, en 2017. Ça m'a vraiment remis beaucoup de choses en perspective, puis beaucoup de questionnements personnels et professionnels. J'ai fait un virage 180 degrés. J'ai quitté l'endroit où j'étais, tout a changé dans ma vie personnelle et professionnelle. À un moment donné, je me suis demandé qu'est-ce que j'ai vraiment le goût de faire dans la vie, surtout dans ma carrière. J'avais un appel qui était là depuis longtemps, qui était d'avoir un impact dans ma communauté, dans la société en général, évidemment auprès des entrepreneurs, mais aussi de tous les humains. Tu sais, tous les gens qui ont des défis personnels. C'est là que je me dis: « J'ai peut-être un message à dire. J'ai peut-être des choses… » [Kim] - Par rapport à ton handicap? Par rapport à ta différence? [Benoît] - Ouais, par rapport à mon parcours en général. Puis oui, le handicap, puis la différence physique, puis tout ça. Mais tu sais, j'ai toujours été capable de me servir de ça comme étant une force. [Kim] - Oui. [Benoît] - Puis je me dis: « Mon Dieu, il y a du monde peut-être, qui a besoin d'un petit coup de pouce », tu sais, des fois, là-dessus. C'est là que j'ai commencé à dire: « Bon, mais peut-être que je pourrais faire une conférence ou deux. Puis la vie est bien faite parce que dans la même période, j'ai reçu des appels d'anciennes personnes qui étaient avec moi en secondaire, qui étaient professeurs aujourd'hui. Ils arrivaient la semaine de la persévérance, donc le timing était parfait. C'était en février, d'ailleurs. Là, on est au mois…On a enregistré ça, en février. C'était en 2019. Je devais faire une première conférence dans une école, sur la persévérance. Ça a été un coup de cœur, ça a été un déclic. C'était magique, c'était un moment magique. Quand je suis revenu chez moi, je me suis dit: « Ouais, il y a peut-être quelque chose à faire de ce côté-là ». [Kim] - Parle-moi un peu de ta différence. Justement, c'est quoi ton handicap? [Benoît] - Mon handicap, c'est un handicap de naissance. C'est une malformation congénitale, c'est ma jambe droite. Donc, c'est mon fémur qui n'a pas poussé et une coupe de doigts aussi, en moins. C'est tout à fait de cause naturelle. Je me disais que c'était un cadeau de la vie parce que ça m'a amené tellement de choses dans la vie, que je suis convaincu que je n'aurais pas accomplies ou vécues, si je n'avais pas eu cette différence-là, c'est certain. [Kim] - Est-ce que tu as toujours été une personne qui te mettait en avant facilement? Je veux dire monter sur scène, avoir une différence? Est-ce que tu as eu cette peur-là, qu'on te juge? [Benoît] - C'est une très bonne question. Oui et non. Non, en fait, je n'ai jamais eu de la difficulté à me mettre en avant auprès des gens dans la vie en général. Ça, ça vient de mes parents parce que mes parents étaient vraiment extraordinaires, dès mon jeune âge, sur tout ce qui est acceptation de ma condition, être capable de faire tout ce que j'avais envie de faire pour suivre mes amis à l'époque et tout ça. Donc j'avais cette confiance-là, cette estime-là, quand même assez profonde. Ça fait partie de mon ADN en fait, grâce à mes parents. Je n'ai jamais eu de la misère à me mettre devant les gens, à parler. J'ai toujours été bon quand même, dans les exposés oraux à l'époque, quand j'étais plus jeune, en secondaire et tout ça. Mais, quand on est rendu à l'âge adulte, on a… Tu sais, moi, j'ai un handicap qui est visible, mais on a beaucoup de handicaps invisibles au niveau du mindset. Puis de la perception de soi, que moi, j'appelle les béquilles invisibles. Fait que même moi, malgré cette confiance-là, cette estime-là que j'avais de moi-même, quand c'était le temps de me lancer dans l'univers des conférences, de la création de contenu aussi sur les réseaux sociaux, comme tout le monde, on est tous des humains, puis j'avais cette peur du jugement-là, le syndrome de l'imposteur. Mais, ça s'est quand même placé assez rapidement. [Kim] - C'est justement ça, le pourquoi je t'ai choisi pour cette thématique-là. On a déjà eu l'occasion de se parler ensemble, c'est ça qui dégageait chez toi. Le fait d'accepter cette différence-là très tôt, d'avoir une confiance en soi très tôt aussi, c'est vraiment ça qui m'avait marquée. Puis, j'aimerais savoir, est-ce que tu as rencontré des obstacles? Comment tu les as surmontés, en fait, les obstacles dans ton parcours? [Benoît] - Écoute, ce que j'ai envie de te répondre à ça, puis que ça s'applique vraiment à tous les obstacles qu'on peut rencontrer, que ce soit au niveau de notre confiance en soi ou dans d'autres sphères de notre vie ou dans nos états d'esprit ou peu importe. Moi, j'aime dire que tout commence par l'acceptation. Si tu acceptes que ça se passe, c'est déjà une bonne chose de fait. Fait que… Quand tu as une épreuve, un obstacle, c'est d'accepter que tu en as une, puis de la vivre à fond, puis d'accepter que… [Kim] - La transformer en force, comme tu dis. [Benoît] - Exactement, de la transformer. Tu sais, j'aime dire que chaque opportunité, chaque obstacle, en fait, c'est une opportunité. Surtout de grandir. [Kim] - Exactement. [Benoît] - C'est ça que je voulais dire… Moi, j'ai trop… J'appelle ça les trois A. J'ai les trois A en moi, tout le temps. Dès que c'est difficile, dès que j'ai quelque chose à affronter, dès que j'ai quelque chose à surmonter, c'est acceptation, appréciation, amour. [Kim] - Ah, wow, ok. [Benoît] - Acceptation, tu acceptes que, bon, tu es en train de le vivre, puis que ça va être difficile, puis que ça va peut-être être même différent. Tu ne vas peut-être même pas y arriver de faire ce que tu souhaites faire réellement. C'est correct. Je veux dire, tu vas le faire d'une autre façon plus tard, ou tu vas faire autre chose, mais c'est de l'accepter. Après ça, c'est d'apprécier le parcours. Tu sais, c'est d'apprécier que… [Kim] - De prendre un recul. [Benoît] - Exactement, prendre un recul, prendre de la hauteur. Tu sais, c'est de prendre de… C'est de changer ton attitude par rapport à ça, pour prendre justement de l'altitude, donc de la hauteur par rapport à tout ça. Puis de dire: « Je vais faire ce que je peux, mais je vais apprécier le chemin. Je vais apprécier le parcours, parce que c'est sûr qu'il va y avoir des belles choses qui vont se passer. Pareil, c'est sûr que tu vas apprendre quelque chose. » Et le dernier, c'est l'amour. C'est de l'amour de soi, c'est de se donner du love un peu à travers tout ça. Des fois, on vit des obstacles, on a des challenges dans la vie, puis on est dur avec soi-même. [Kim] - D'expliquer ta vision de voir les choses par rapport à l'acceptation, par rapport au fait d'aller devant, de développer sa confiance. Si on parle aussi un petit peu plus profond, qu'est-ce qui peut permettre à l'entourage d'une personne en situation de handicap à développer? Pareil, quel comportement devrait développer l'entourage d'une personne en situation de handicap pour qu'elle développe sa confiance? [Benoît] - Très bonne question. Tu as de bonnes questions, Kim. Alors, mon Dieu, je te dirais la… [Kim] - Tu sais, tu t'inspires de tes parents, par exemple. [Benoît] - Oui, c'est ça, mais c'est parce qu'il y a deux cotés. Tu sais, il y a deux choses, je pense, essentielles. Puis c'est un paradoxe un peu entre les deux. Fait que des fois, ça peut être confrontant pour les personnes qui sont autour. C'est de ne pas surprotéger. Ça, c'est la première des choses. [Kim] - Oui, c'est vrai. [Benoît] - C'est de ne pas penser que la personne qui est en situation de différence ou qui a un handicap ne sera pas capable de le faire. Parce que le réflexe qu'on a, les humains, souvent, c'est d'aller vers : « Je ne serai pas capable. » Plutôt que d'aller vers les choses que: « C'est sûr, je vais être capable de le faire. » Fait qu'on a… Puis, on a aussi le réflexe, surtout avec nos enfants, de vouloir être là pour eux. Puis, on a peur pour eux. On a peur qu'ils se fassent mal ou qu'ils ne soient pas capables parce qu'on a peur qu'ils soient déçus ou qu'ils aient de la peine. Mais non, ce n'est pas ça, là. C'est le contraire que ça va faire. On va diminuer, on va écraser cette confiance-là. Fait que c'est quasiment de laisser l'autre personne se planter ou l'essayer. Parce que la personne qui est en situation de différence ou de handicap, si elle, elle a besoin d'aide, elle va être capable de le demander. [Kim] - On oublie souvent de demander à la personne, justement, c'est quoi qu'elle a besoin. Dans le fond, c'est comme si la personne va voir avec un handicap, elle va réagir d'une telle façon, mais ce n'est pas vraiment qu'est-ce qu'elle a besoin. On oublie de lui demander. Puis justement, on dirait que ça me fait penser à quel point le nom du podcast est génial. Tu n'arrêtes pas de dire: « Capable. » [Benoît] - C'est ça, le nom du podcast, Capable. [Kim] - Mais, il y a quelque chose qui est sorti beaucoup dans les entrevues jusqu'à aujourd'hui, c'est aussi cette force-là de dire, si on n'encourage pas la… Comment je pourrais dire ça? Le fait qu'une chose soit inaccessible, on dirait que les personnes en situation de handicap ont beaucoup plus de motivation, parce qu'on parle de motivation, de confiance, à montrer qu'ils sont capables. Dirais-tu que tu aurais senti ça toi aussi? Qu'il y avait certains blocages, que tu voulais juste montrer que tu étais capable d'accomplir quelque chose par toi-même? [Benoît] - Ça nous permet d'ouvrir une parenthèse sur la… Oui, je comprends ce que tu dis, mais je pense que c'est plus… Il y a certaines personnes qui ont ce besoin parce qu'ils n'ont peut-être pas eu l'encadrement ou l'accompagnement de leurs parents ou de leurs proches. Ils ont un sentiment de vouloir se valoriser auprès de ces gens et de vouloir prouver qu'ils sont capables. Quelqu'un qui sait qu'il est capable, il n'a pas besoin de vouloir se prouver à quelqu'un d'autre. C'est naturel, c'est en nous. Le problème, c'est les autres. Les autres pensent que la personne ne sera pas capable. Donc, la première question qu'on va demander: « As-tu besoin d'aide? » La personne n'a pas besoin d'aide en ce moment. La question serait plutôt: « Écoute, je sais que tu vas être capable, mais si jamais tu as besoin de mon aide, je ne suis pas loin ». Tu n'es pas obligé d'avoir le réflexe de dire: « Tu vas-tu être correct? As-tu besoin d'aide ? » Quelqu'un qui sait qu'il est capable et qui veut faire ce qu'il a à faire de sa façon à elle, se faire dire ça, c'est comme: « Mon Dieu… » C'est quasiment de te faire dire tout de suite en partant que tu ne seras pas capable de le faire. Des fois, ça peut être frustrant, ça peut être contraignant. À un moment donné, comme je disais tantôt, l'acceptation, il faut que nous, en tant que personnes avec un handicap… [Kim] - Ça revient beaucoup. [Benoît] - Ça revient à comprendre et à se dire: « La personne est juste malhabile ». Parce que souvent, les gens qui ont… Moi plus jeune, ça a été comme ça. Quand on arrivait: « Non, je suis capable ». À un moment donné, j'ai compris que c'est juste parce que les autres sont malhabiles. [Kim] - Oui. [Benoît] - C'est plus fort qu'eux de vouloir te suprotéger ou t'aider. [Kim] - La confiance en soi, ça vient par l'acceptation et après d'être capable de dire justement: « Non, je n'ai pas besoin d'aide » au lieu de s'embarquer avec des préjugés. [Benoît] - Oui, plein de scénarios. Puis de ne pas voir ça comme étant une insulte. [Kim] - Oui, c'est ça. [Benoît] - Ne pas voir ça comme quelque chose… Tu sais ne pas se sentir attaquer. [Kim] - Non, c'est ça. [Benoît] - Au contraire, il faut juste avoir de l'appréciation puis de l'amour envers soi-même avant. Après ça, on va voir l'autre personne puis là dire: « Merci de me le proposer. Mais t'inquiète pas. Je suis capable, ça va bien aller ». [Kim] - Le fait que tu répètes le mot « capable, capable, capable ». À quel point le nom du podcast est juste parfait. [Benoît] - La confiance en soi, c'est très expliqué de plein de différentes façons, même des fois mal compris la confiance en soi. La confiance en soi, ça reste que c'est un sentiment, c'est un état d'être, c'est une attitude. C'est d'être persuadé, de se convaincre soi-même qu'on est capable de faire les choses. Peu importe ce qui va arriver, surtout, ça c'est super important, peu importe le résultat que ça va donner, on est capable de faire quelque chose avec ça. Ça va donner un résultat intéressant. Pareil. Et de ne pas vouloir se comparer aux autres, de ne pas vouloir se mettre plus bas qu'une personne qui aurait peut-être plus de capacité à cause de sa condition physique qui est « normale » versus nous qui avons un handicap ou qui avons une situation de différence. Il ne faut pas se comparer, ce n'est pas une comparaison. Cette personne, elle a fait à sa façon et nous, on a notre façon de le faire. Quand tu as cette attitude-là, c'est bien plus facile d'avoir confiance. C'est parce que tu as confiance que tu vas être capable de le faire d'une certaine façon ou d'une autre. Peu importe le résultat, tu vas être content de ton résultat. [Kim] - Je pense que tu viens vraiment d'aller vers quelque chose de très pointu qui invite les gens à s'accepter davantage, peu importe leur différence, pour foncer. J'aimerais savoir, le mot « handicap » pour toi, ça représente quoi? Je pense que j'ai déjà une idée de ta réponse. [Benoît] - Oui, j'imagine. Ce que je viens juste de dire aussi, ça s'applique aussi à tous ceux qui sont « normaux.» [Kim] - Oui, c'est ça. [Benoît] - Parce qu'ils en ont aussi des différences, eux. C'est juste qu'ils sont juste ici. Ils sont invisibles. Parce qu'il y a plein de gens qui n'ont pas confiance en eux et qui ont tout leurs membres, qui ont tous les morceaux. [Kim] - C'est vrai. [Benoît] - Ça n'a pas rapport avec une personne qui a un handicap ou pas. Un handicap, pour moi, c'est un mot dans le dictionnaire comme un chat ou un chien. C'est un mot pour définir une personne qui est en situation de handicap, de différence. Comme je te dis: « Qu'est-ce que ça veut dire pour toi être sourd? » Tu vas avoir ta définition à toi. [Kim] - Ma définition, effectivement. [Benoît] - C'est quelque chose que… Bon ben, j'entends moins bien. C'est comme ça qu'on appelle ça. Pour moi, honnêtement, je sais qu'il y en a des fois… Je ne sais pas si on peut aller là, mais on a donc peur de dire les vrais mots. On a donc peur aujourd'hui dans notre société d'appeler un chat un chat, un chien un chien. On a peur de dire qu'une personne est handicapée. Oui, mais c'est ça le mot. Si tu regardes la définition de handicap dans le dictionnaire, ça va exactement expliquer qu'une personne est en situation de différence physique ou mentale. [Kim] - Je vais faire le lien avec moi. Le mot handicap, ça fait juste depuis 2018 que je me l'approprie. À quel point ça a été dur d'accepter… C'est comme de dire, j'ai un handicap, mais j'ai-tu un handicap? Oui, j'en ai un. De se dire ce mot, tu as tout à fait raison, c'est s'approprier ce mot. Ce n'est pas tout le monde qui accepte de se taguer avec ça et d'aller demander de l'aide s'ils en ont besoin à des organismes justement qui sont spécialisés pour ce genre d'accompagnement. Mais ce mot, tu as tout à fait raison. Je pense que c'est important de le mentionner. Parce que tout le monde va avoir une différence, mais ils ne seront pas capables d'accepter. Puis après, de passer et d'aller chercher l'aide qu'ils ont besoin parce qu'ils ne se sentent pas handicapés, mais ils ont quand même des obstacles qu'ils doivent surmonter. [Benoît] - Tout à fait. Bravo. Tu as dit le mot important dans ce que tu viens de dire. Acceptation. À partir du moment où tu as accepté que tu avais un handicap, tu n'avais plus de problème avec le mot handicap. Du moins, tu en avais moins. C'est la même chose. Et quels mots ont eu tant de difficultés dans les dernières années qu'on en parle beaucoup avec la santé mentale. Les gens avaient de la misère à dire « j'ai une dépression », « je suis déprimé ». C'est le même mindset, c'est la même façon de voir les choses et les mots, comme de dire que « j'ai un handicap », ou « j'ai une dépression », ou « je suis autiste ». Ce n'est que des mots. Parce qu'on a besoin de mots pour expliquer les choses. On a besoin de mots, M-O-T-S pour expliquer des maux qu'on peut avoir. M-A-U-X, ça prend des mots pour expliquer les choses. Il faut communiquer. Ce n'est que des mots, ça ne veut pas dire que c'est une étiquette… Le problème, c'est que les gens voient le mot comme une étiquette. [Kim] - C'est ça. [Benoît] - Une étiquette qui nous diminue dans la société ou par rapport aux autres. Il est là, le bobo, c'est là que ça fait mal. Quand tu n'arrives pas à voir ce mot comme quelque chose qui te diminue ou qui t'étiquette par rapport aux autres, c'est plus facile. Tu as moins de difficultés avec ce terme ou ce mot. [Kim] - Quand tu as démarré ton entreprise, Benoît, est-ce que tu as fait appel? On parlait d'aides tantôt. As-tu eu des ressources? As-tu eu des accompagnements? Qu'est-ce qui te permet de fonctionner dans ton quotidien? [Benoît] - Au niveau physique, non. Moi, c'est de naissance, donc j'ai une capacité. Tu l'as vu quand je suis arrivé. J'ai juste une jambe, mais je marche avec une béquille. J'ai eu une prothèse jusqu'à l'âge de 14 ans. Je vivais de l'intimidation, je vivais des moqueries et tout ça. Étant donné que je n'ai pas le fémur, la prothèse s'accrochait à la taille, c'était difficile à traîner. J'ai tout pris, j'ai lancé ça dans ma garde-robe et j'ai commencé à marcher avec une béquille. Ça s'est fait presque instantané. [Kim] - Tu n'as pas eu vraiment besoin d'aide. [Benoît] - J'ai une entreprise au niveau du Web. Oui, les conférences, des fois, si je dois déplacer du matériel ou du stock, oui, je vais demander de l'aide, mais au niveau physique, ce n'est pas un problème pour moi. Par contre, tout départ dans l'entreprenariat, ou du moins, peu importe à quel niveau tu es rendu en affaires, il y a plein de défis au niveau de l'incertitude, au niveau des doutes, au niveau de la confiance en soi, d'être capable d'accomplir les projets qu'on veut faire. Oui, il faut se faire accompagner. Et moi, étant dans le coaching aussi, je serais mal placé de dire que je n'ai pas eu de coachs et que je n'ai pas de coachs régulièrement, parce qu'un bon coach devrait toujours avoir un coach, et c'est le cas. J'en ai des coachs pour mes conférences, pour différentes choses en affaires et tout ça. C'est là que je me fais accompagner. [Kim] - Tu vas aller chercher ton aide. [Benoît] - Oui, c'est sûr. [Kim] - On approche déjà de la fin de l'émission. [Benoît] - Non, pas déjà. C'est bien trop vite. [Kim] - Oui, j'ai bien le fun avec toi. J'aimerais savoir quels sont les conseils que tu donnerais pour les personnes qui ont une différence à développer davantage leur confiance en soi. Je pense qu'on a énuméré plein de conseils durant toute l'émission, mais si on a à résumer ça, tu dirais quoi? [Benoît] - Écoute, je résumerai ça en deux temps, je te dirais. La première, c'est qu'il faut se donner du temps aussi. On est très pressé dans la vie, et on se met beaucoup de pression sur soi-même, à faire tout de suite les choses comme il faut, et à vouloir être bon, parfait, être performant et tout ça. Il faut se donner du temps. Moi, un des conseils que j'ai reçus d'un mentor, qui a beaucoup changé ma perception des choses que je voulais accomplir dans la vie, puis d'être capable d'avoir la confiance et la motivation pour le faire, ça a été Tony Robbins qui disait qu'on surestime beaucoup ce qu'on est capable de faire en une année, mais on sous-estime beaucoup ce qu'on peut faire en une décennie. Il faut se donner du temps. On n'est pas efficace, bon dans ce qu'on veut faire et être capable de le faire tout de suite. Il faut pratiquer. Il faut essayer. Il faut tomber. Il faut se relever. Il faut repartir. Donc, ça, c'est la première des choses. Puis la deuxième chose, ça revient à ce que je disais tantôt: c'est l'acceptation, l'appréciation et l'amour; l'amour de soi en premier. C'est fou comment on peut vraiment se libérer d'un paquet de béquilles invisibles qui nous ralentissent dans notre progression, dans notre excellence dans qui on veut être ou ce qu'on veut avoir quand on a la difficulté à se donner de l'amour à soi-même. On aime nos enfants de façon inconditionnelle, mais est-ce qu'on s'aime, nous, inconditionnellement? Ça, c'est la première des choses qu'il faut travailler. Après ça, c'est d'accepter qu'il faut faire les choses, nous, si on a un handicap ou une différence ou une difficulté autre que… « Tabarouette », je l'accepte en partant. Après ça, je le fais à ma façon. J'apprécie le chemin, le parcours, puis aussi la fierté. Peu importe les résultats qu'on obtient ou la façon qu'on fait les choses, c'est primordial d'être fier de ce qu'on fait, parce qu'à chaque fois qu'on est fier de quelque chose qu'on fait, même si c'est tout petit, ça crée un espèce de sentiment en dedans de nous, une émotion. Ça crée un signal à notre cerveau qu'on est capable, puis qu'on est capable, puis qu'on capable de plus. Il faut être fier de tout ce que l'on fait. [Kim] - Je pense que ton message était super important, Benoit. Ça m'a fait plaisir de t'avoir avec moi en studio. [Benoît] - Merci de m'avoir invité. Ça a été un plaisir d'être ici avec vous. [Kim] - Merci. [Benoît] - Merci. [Kim] - Merci d'avoir été avec nous. Pour le prochain épisode du balado Capable, on va parler d'accès au financement. [Narrateur] - Ce balado vous est offert par le gouvernement du Québec. [Votre gouvernement. Logo du gouvernement du Québec.]