[Épisode 8 du balado Capable, entreprendre sans limites, avec les propriétaires de la ferme À la canne blanche et la directrice d'Evol] [Narrateur] Vous écoutez « Capable, entreprendre sans limites », un balado offert par le gouvernement du Québec. [Kim Auclair] - Aujourd'hui, le thème du balado « Capable, entreprendre sans limites » est l'accès au financement. Je suis accompagnée de Chantal Thiéblin Goffoz, directrice du financement d'impact et développement durable chez Evol. Une entreprise qu'elle va pouvoir vous expliquer tantôt en quoi ça consiste. Je suis aussi avec Maryse Sauvé et Daniel Bonin, copropriétaires de la ferme À la canne blanche. Bonjour Chantal. [Chantal Thiéblin Goffoz] - Bonjour. [Kim] - Est-ce que tu peux me décrire un peu qu'est-ce que c'est Evol? [Chantal] - Oui, bien sûr. Puis d'abord, merci beaucoup de cette opportunité de participer à cette entrevue. Donc, Evol Financement depuis 2021, anciennement, on s'appelait « Femmessor ». On offre du financement accompagné aux entreprises à propriétés inclusives et diversifiées, qui ont, en fait, un souhait d'avoir un impact positif sur l'environnement ou la société. Donc, du financement accompagné pour les communautés sous-représentées en entrepreneuriat, avec ce souhait d'impact positif. Moi, Chantal Thiéblin Goffoz, ça fait depuis 2021, justement, que je suis chez Evol. En tant que directrice financement d'impact, je veille à ce que les bottines suivent les babines et qu'on arrive à mesurer cet impact, à faire une réelle différence pour construire un monde meilleur. [Kim] - Daniel et Maryse, pouvez-vous vous présenter autrement? [Daniel Bonin] - OK, moi, c'est Daniel. Écoutez, nous depuis six ans maintenant, on a fondé la ferme À la canne blanche, producteur d'oeufs de canes, unique au Québec et probablement unique au Canada. On est seulement l'œuf de consommation. [Kim] - Ça a démarré comment ce projet-là? [Maryse Sauvé] - Ça a démarré avec moi qui s'ennuyais quand mes enfants sont partis de la maison. Ma plus vielle m'a acheté trois canetons que je baignais dans mon lavabo de cuisine et qui eux, dormaient dans le coin de ma salle à manger. Ça a commencé comme ça. Puis on a monté, on a fait un petit enclos dehors pour les bébés, on a monté jusqu'à 22 oiseaux dans notre enclos. Puis, à un moment donné, on s'est dit : « Pourquoi pas? » Qu'est-ce qu'ils peuvent apporter, ces oiseaux-là, pour nous accomplir dans notre vie? Puis, on s'est rendus compte que l'œuf de cane n'était pas commercialisé, ici, au Québec du tout. Donc on s'est dit, simple comme ça, on va devenir producteurs d'oeufs de canes. On va s'appeler À la canne blanche. » Puis, on a fait 22 fois l'enclos test, qu'on s'était fait derrière notre cabanon, pour maintenant arriver, qu'on est en train de bâtir notre deuxième bâtiment, puis doubler notre superficie d'exploitation. [Kim] - Puis on doit préciser aussi que vous êtes aveugles. [Daniel] - Ho, maudit, oui, c'est vrai. [Maryse] - Oui, on avait oublié ce truc-là. Oui, on est deux personnes aveugles. J'ai une vision qui s'en va vraiment rapidement, mais il ne me reste plus beaucoup à perdre, du pâle, du foncé. Ce n'est pas mal tout ce qui me reste. Puis Daniel, il n'a rien, il ne voit pas d'image. [Daniel] - Je suis devenu aveugle à 20 ans, total. [Kim] - C'est ça qui rend encore votre parcours plus intriguant, je trouve, parce que je n'arrête pas de me poser des questions. Une fois que vous avez décidé de démarrer cette entreprise-là, qu'est-ce qui s'est passé? Comment vous avez fait pour aller chercher de l'aide, remplir des papiers? On s'entend, démarrer une entreprise, c'est beaucoup de paperasses. Donc, j'ai plein de questions à ce niveau-là. [Maryse] - Savoir s'entourer. Ça va être ça mon… [Daniel] - Oui, je crois que dans tout entrepreneur, puis là, on ne parle pas, je ne pense pas que ça soit seulement unique à une personne qui souffre d'un handicap ou d'une limitation. Je crois que pour être un bon entrepreneur, il faut savoir bien s'entourer, et encore plus dans notre cas. [Kim] - Dans votre cas, puis c'est qui, exactement, les personnes que vous avez prises comme bras droit, si on peut dire? [Daniel] - Écoutez, au début, ça a été des personnes qui étaient semi-retraitées, retraitées. Des personnes qui avaient une expertise, une expérience, comme tu disais, pour remplir, faire un plan d'affaires, c'est tout. [Maryse] - C'est quelque chose. [Daniel] - C'est toute une montagne. [Kim] - C'était des bénévoles? [Maryse] - C'est une amie, voisine, bénévole. [Kim] - C'était un organisme? [Maryse] - Non. [Daniel] - Non. [Kim] - Non? [Maryse] - Elle nous a aidés. Elle a dit: « Moi, je vais vous aider. Je vais le rédiger avec vous autres, le plan d'affaires. » Il y a eu des heures et des heures. [Kim] - Elle vous lisait? [Maryse] - On composait ensemble. On mettait nos points qu'on voulait exprimer, puis on trouvait les phrases ensemble. Elle faisait la mise en place dans le texte, et tout ça. Donc, ça a été notre première aide à partir notre machine, si on veut. Il fallait arriver solide pour la MRC, parce qu'on a fait affaire avec la MRC de Memphrémagog, qui nous ont aidés après, avec le plan d'affaires et d'aller chercher les autres. S'il y avait des programmes, c'est eux autres qui nous en ont parlé. [Kim] - Encore, on parle d'aller chercher du financement, parce que c'est la thématique aujourd'hui. Une fois que vous avez fait votre plan d'affaires, que vous êtes allés cogner aux portes, comment ça s'est passé? Est-ce qu'il y a eu des préjugés? Ou vous avez senti de la discrimination, une fois que vous avez postulé pour avoir du financement? [Daniel] - Absolument. Mais écoutez, est-ce qu'on parle de préjugés? Ou on parle qu'on sort d'un cadre qui est tellement déjà… [Kim] - On parle de tout ici. [Daniel] - C'est ça, parce que quand tu arrives devant un financier, souvent, ils ont un cadre, ils sont habitués, et c'est ça, mais là, nous, on arrive, veut-veut pas, avant qu'ils commencent à t'écouter, c'est quoi ton projet, pendant une demie-heure, il est là en avant de toi puis ils se demandent : « Mais comment ils vont faire? ». Ils ne t'écoutent pas. Là, après ça, c'est tout embarque, les : « Mon Dieu, comment ils vont pouvoir faire ça? » Tu dois faire tomber toutes les barrières. Tu sais, dans un premier temps, tu dois rassurer le financier, et après ça, le convaincre de ton projet. Mais le travail de rassurer le financier qui est en avant de toi, c'est un travail aussi grand que celui de démontrer ensuite par chiffres. C'est facile de démontrer par chiffres que ton projet est viable, durable. [Kim] - Est-ce que vous avez pratiqué avant ou c'est quelqu'un qui parlait pour vous? Dans le sens où il y a des mots, des fois, qu'il faut utiliser auprès de ces personnes-là. [Daniel] - Non. [Maryse] - On y a été avec toutes les connaissances qu'on avait, comme dans tout, autant la commercialisation que l'approche, même aller rencontrer la MRC. On était arrivés avec toute l'innocence qu'on avait. Puis, ce qui fait qu'on a été vraiment très distrayants, c'est que, oui, on est aveugles. Mais c'est quoi qu'on met… Tu sais, on part quand même un produit qui est un œuf qu'on a à faire connaître. Mais c'est un milieu qui n'est vraiment pas connu, il n'y a aucune. C'est marginal complètement comme élevage. Donc, il faut tout établir les règles, il faut tout établir la façon, les protocoles, et tout. Donc, c'est quoi qui est plus déstabilisant pour la personne en avant de nous, le fait qu'on soit aveugles ou qu'on n'a aucun « background » en agriculture? Donc, on avait un petit peu de croûtes à manger, si on veut. On a réussi à bien vendre notre salade avec tout ça, tu sais. [Daniel] - Le but, c'est d'arriver, c'est de ne pas être préparé. Nous, là, écoute, pourquoi on est parti? Je viens du droit. Maryse vient de la massothérapie. Alors, pourquoi on a décidé d'être entrepreneurs? C'est parce qu'on croyait en nous et on croyait à un projet, puis qu'on voulait être nos décideurs, ceux qui vont prendre les décisions, non plus personne, donc de pouvoir être nous dans notre entreprise. Quand on a pris cette décision-là, lorsque t'arrives devant des financiers, des décideurs, quoi que ce soit, il n'y en a plus de masque, ça ne me tente plus. C'est moi, me voilà, je suis comme ça, je suis capable, je vous le dis que je suis capable. Voilà, vous me prenez ou vous me prenez pas. [Kim] - Quand tu écoutes un témoignage comme ça, Chantal, qu'est-ce que tu ressens en tant que ressource, justement, qui offre du financement pour la diversité, puis tu entends des gens qui, peut-être, vont être portés au premier regard par leurs obstacles? [Chantal] - Oui, je ressens deux choses. D'abord, l'enthousiasme, parce que, ce que j'entends, je l'entends de beaucoup d'entrepreneurs qui viennent chercher du financement chez Evol parce qu'on représente donc six groupes de la diversité, dont les personnes en situation de handicap. Cette soif, en fait, d'avoir son projet, d'être autonome, d'être fier, d'être vraiment maître à bord, le maître et maîtresse à bord, parce qu'on a beaucoup de femmes dans notre groupe d'entrepreneurs. Mais ça, c'est partagé. Par contre, j'ai aussi à ce côté joie, mais il y a aussi ce côté rage, frustration, parce que c'est des défis qui ne devraient plus exister en 2024, on s'entend, on est au-delà de ça. Pourtant, ils existent encore pour que ce soit du niveau du genre, ou pour des situations particulières. Donc, je ressens vraiment la raison d'être d'une offre de financement qui soit adaptée, qui soit plus agile, où ce ne soit pas à l'entrepreneur de devoir convaincre le financier, mais le financier qui dit : « On est là pour vous autres, et puis aidez-nous à rendre notre offre plus accessible, plus inclusive, plus totalement inclusive, et qu'on n'ait pas de faux pas », comme ce que mentionne Maryse. [Kim] - Puis, quand on approche avec du financement et qu'on a une différence, vous allez vous fier, d'abord, à l'idée de la façon qu'elle est présentée au-delà de l'handicap, de la différence, mais qu'est-ce que vous allez regarder en premier? [Chantal] - En fait, on va regarder, ce n'est pas en premier, c'est un tout. Il y a trois axes principaux chez Evol. On s'entend, il y a vraiment la diversité, il faut que 25 % de l'entreprise soit aux mains d'une communauté sous-représentée en entrepreneuriat. Donc, ici, on parle des femmes, comités LGBTQ2+ , personnes immigrantes, racisées, les Premières Nations et Inuits et les personnes en situation de handicap. Donc, ça, c'est vraiment, il faut, on va regarder en premier, si tu veux, la propriété de l'entreprise pour vraiment avoir cette mission d'équité. Le deuxième premier, parce que ça reste sur le même plan, c'est le facteur économique. On va regarder, est-ce que ton projet, il est viable économiquement? Aussi pour toi, en tant qu'entrepreneur, si tu te lances en affaires, ou si tu as une phase de croissance, est-ce que ça va t'apporter du bien? Est-ce que cette croissance est saine pour toi? Est-ce qu'elle va vraiment être génératrice de revenus? Donc, la viabilité financière, c'est le deuxième premier. Le troisième premier, c'est le développement durable. Tu as mentionné dans mon titre, je suis le financement d'impact et développement durable, ça fait partie de nos critères. Là, on va regarder, voilà, dans l'agriculture, c'est super important. C'est quoi, en fait? Est-ce que tu es conscient de tes impacts négatifs? C'est quoi tes impacts positifs? Comment on peut valoriser les impacts positifs et réduire les impacts négatifs? Donc, c'est trois facettes-là qu'on va regarder sur un même plan. [Kim] - C'est bon. Dans le fond, le thème aujourd'hui, c'est l'accès au financement. Là, vous autres, vous êtes allés chercher, justement, un premier financement auprès de certaines ressources. [Maryse] - Mais nous, on a fait affaires directement avec la Financière agricole du Québec. Dans un premier temps, pour les convaincre, je vais même mettre des chiffres. On demandait au départ 110 000 $. [Kim] - OK. [Maryse] - Avant d'avoir l'acceptation finale, notre projet, il s'est rendu sur le bureau du vice-président de la Financière agricole du Québec, là où c'est des projets de millions qui se rendent. La dernière question qu'ils nous ont posée, ça a été : « Comment vous allez faire pour mirer les œufs? » J'ai dit: « Mais, je n'ai pas à les mirer, d'un, je n'ai pas de mâle, tout va bien. De deux, selon vos règlements, je n'ai pas besoin de les mirer. » Après ça, ils nous ont donné l'acceptation. [Kim] - C'est sûr qu'on ne peut pas forcer une personne à croire en nous. [Daniel et Maryse] - Non. [Kim] - C'est sûr qu'il y en a qui vont nous accrocher, mais ils sont tellement rares, ces personnes-là. [Daniel] - Oui, ils sont rares. Puis, à ce que je peux voir maintenant sur le chemin entrepreneurial, c'est que tu n'auras pas une personne qui va être à côté de toi pour les années et les années. C'est des personnes qui viennent se joindre à toi, on dirait, au moment où tu en as besoin, si tu restes à l'écoute et ouvert. C'est des personnes qui viennent se joindre à chaque moment. Tu dois rester ouvert à ces personnes-là. Un va passer, un va être là pour le bon moment. Ensuite, tu as d'autres personnes. Je pense que de bien s'entourer, c'est ça, c'est de rester allumé, de rester ouvert. Puis, il y a des personnes à chaque moment qui est important, ou à chaque moment où il va y avoir des changements à l'entreprise, tu as des personnes qui viennent se coller à toi. C'est là qu'il faut que tu restes ouvert. Il ne faut pas y aller en disant: « Je suis aveugle moi là, Daniel. Vous me sortirez pas de mes bottines, c'est moi qui vais décider. » [Maryse] - L'approche est importante. [Daniel] - C'est ça. Je pense que, oui, il faut être ferme dans ce qu'on est. Moi, c'est À la canne blanche, c'est le bien-être animal, d'un, et le bien-être aveugle, de deux. Le reste, on verra, mais c'est comme ça. Puis ça ne changera pas. Mais pour le reste, on doit rester allumé. On doit le rester surtout aux personnes qui s'y intéressent pour les bonnes manières. Parce que c'est toujours difficile, quand t'embarques dans quelque chose, on est en agriculture, on parlait de développement durable et tout ça. Nous, on est dans un cadre qui est parfait, qui devrait être parfait dans le financement pour une entreprise. Il n'y a rien à moteur chez nous, on ne peut pas. Tout est fait de façon naturelle. Tout est fait de façon pour que l'être humain se dépasse. Mais, encore une fois, c'est que tu rentres toujours, c'est que tu viens faire, tu viens heurter des habitudes. Les gens, malheureusement, quand on voit comme Chantal, qui est dans un… Ça bouge, elle bouge, elle connait, elle s'assoit. Quand tu rentres dans des financements ou des personnes de financement qui sont là depuis plusieurs années, et qui ont des cadres déjà tellement préétablis, lorsque tu arrives et que tu déranges ce cadre-là, ils deviennent complètement démunis et déstabilisés. Au lieu d'ouvrir à dire : « Attends un peu, venez vous-en, on va comprendre et on va le faire avancer. » On dirait que là, les portes se ferment. Les portes disent : « Non, vous ne pouvez pas, tu ne rentres pas dans ce cadre-là. Vous ne rentrez pas dans ce cadre-là, bonne chance. » [Kim] - Vous faites la une dans les journaux, récemment, parce que vous avez levé une campagne de financement. Vous êtes allés trouver d'autres… Comment je pourrais dire, d'autres sources de financement, parce que vous rencontrez, justement, tous ces défis-là. Pouvez-vous me parler de cette initiative-là? [Maryse] - Depuis un an, on a peut-être un potentiel de… Là, présentement, pour combler notre marché, on doit louer des canes ailleurs. On dit ça comme ça, parce qu'il y a un pourcentage de nos œufs qui ne peuvent pas, officiellement, venir de chez moi, parce que je n'ai pas l'espace encore, ça s'en vient. Mais cette ferme-là nous a annoncé qu'elle arrêterait probablement de faire des œufs pour nous. Donc, nous autres, on a vu un flag et on a dit : « Écoute, on a besoin de notre deuxième bâtiment pour être autonome, d'avoir tout dans notre cour à nous ». Puis, à ce jour, on attend toujours après le financement, mais à ce moment-là, on voyait que ça n'avançait pas, puis nous autres, ça faisait vraiment tic-tac-tic-tac. On savait que notre projet était viable, on y croyait. D'y croire, c'est vraiment quelque chose qu'il faut jamais lâcher. Et puis, non. On a mis le genou à terre. On a dit : « Écoute, on a plein de gens qui nous suivent, on a plein de gens qui nous supportent depuis le début de notre entreprise. » On met un genou à terre puis on le fait parce que c'était un peu honteux si on veut pour nous de faire une demande de GoFundMe. C'était ça la levée de fonds qu'on a faite. Mais les gens ont répondu présents, vraiment sur toute la ligne. On a été chanceux. Et ça nous a apporté aussi un investisseur qui nous a approchés, qui grâce à lui aujourd'hui, on peut dire que notre bâtiment est debout. [Kim] - Tu as un investisseur privé? [Maryse] - Un investisseur privé qui lui, il a dit : « Ben moi, je vais être votre dragon. » Comme un peu à Radio-Canada, qu'est-ce qu'ils font à Dans l'œil du Dragon. Ben, il a dit: « Ben moi, je vais faire un petit peu ça avec vous autres. Je peux être là physiquement ou je peux avancer seulement l'argent. » Puis nous, ben, c'est sûr qu'on voulait aussi son expertise. Il est devenu plus un ami aussi, en premier qu'un partner. Puis aujourd'hui, regarde, notre bâtiment avance, il est pratiquement fini, nos canetons rentrent le mois prochain. Ça nous a permis de passer à une autre étape. Parce qu'on attend toujours après le financement des grands qui sont censés nous financer dans l'agriculture. [Kim] - Qu'est-ce que Chantal, tu ajouterais pour… Quand tu regardes encore là cette histoire-là, pour ceux qui sont en attente de financement, ceux qui… C'est quoi les conseils que tu leur donnes pour rester toujours solides dans ces périodes un petit peu plus rough, là? [Chantal] - Oui, c'est exactement de voir ce que tu dis, les besoins de financement, mais besoins, pourquoi, à quel moment, parce que votre besoin de financement a été différent au démarrage quand tu avais trois canetons dans ton évier, puis aujourd'hui. Ce que je vois aussi, c'est que là, vous êtes vraiment des acteurs de changement. Ça se voit, ça se sent et on a beaucoup beaucoup beaucoup à apprendre aussi. Sachez que la porte est ouverte. Nous, on a mis un comité aviseur en place. Ce n'est pas un comité aviseur, c'est vraiment une cohorte de groupes d'entrepreneurs en situation de handicap pour voir quels sont les besoins et comment on peut s'adapter. Les conseils aussi, on recherche les financements, c'est d'abord de voir : « Ok, à quel stade on est, c'est quoi la meilleure solution? Est-ce que c'est du… du financement par dettes? Est-ce que c'est d'aller voir un ange investisseur, un dragon de ce monde? Par rapport aux besoins. [Kim] - Donc d'accompagner, justement de voir les entrepreneurs qui viennent voir quel genre d'aide ils peuvent avoir besoin. C'est pas juste une seule solution. [Chantal] Vous allez leur présenter un peu les différentes pistes. - C'est pas juste, en fait, j'allais dire, c'est pas juste un chèque. [Kim] - Non, non, non, c'est vrai. [Chantal] - Ça va être: « Ok, le conseil qu'on va vous apporter par rapport à la… » [Maryse] - L'accompagnement. Très important. [Chantal] - On fait du financement accompagné, l'accompagnement est super important et même avant le chèque. Nous, on fait de l'accompagnement même après, pendant tout le prêt, la durée du prêt, mais il y a un accompagnement avant le… Le décaissement avant l'accord du prêt où on va pouvoir regarder si la dette c'est vraiment la solution, si c'est la bonne solution à ce moment-là. Donc cet accompagnement-là, c'est un trésor pour les entrepreneurs. Ce qu'on va faire après c'est l'adapter grâce à la cohorte avec François Bernier qui a regroupé donc des différents… - Dont tu fais partie. [Kim] - Oui, j'en fais partie. [Daniel] - Dont je fais partie. [Chantal] - Voilà, parfait. [Kim] - C'est vrai, c'est vrai. [Daniel] - Mais j'ai pas pu faire une autre réunion. [Chantal] - C'est pour ça que je t'avais pas vu la dernière fois, mais effectivement, c'est ça, on va apprendre pour adapter le plus possible notre accompagnement aussi pour pouvoir se dire est-ce que les modalités, la flexibilité, le fait d'avoir nos comités décisionnels de financement, on les met en visioconférence, on peut les mettre en audio seulement, on fait différentes… Différentes solutions pour que ce soit le plus adapté possible. Sautez pas cette étape-là d'accompagnement parce que c'est vraiment crucial pour vraiment avoir ensuite tous les outils pour que son entreprise aille loin. [Daniel] - C'est pourquoi nous, l'investisseur, qu'on a décidé de s'associer à lui, qui vient de s'associer, c'est une personne qui a plusieurs entreprises, donc c'est une personne qui peut nous accompagner, nous amener dans… D'aller plus loin et de comprendre les pourquois. C'est une personne qui est habituée d'analyser. Donc ça, c'est une grosse pour nous d'avoir un autre œil sur le… Comme tu dis, c'est pas toujours le prêt conventionnel qui est l'idéal. Donc lui, pour lui, c'est plus facile de venir avec son regard extérieur puis son regard d'entrepreneur, puis ça nous aide beaucoup. Ça, c'est sûr parce que nous, on a… On ne veut pas quand on arrive en quelque part, on a souvent le regard de vouloir ça et de se battre face à notre handicap tout le temps. [Kim] - C'est vrai, tout le temps en train de se battre, d'avoir l'impression de se battre plus que les autres. Et ça m'amène vraiment à la dernière question. En fait, vous avez accompli, moi, je trouve personnellement que vous avez accompli beaucoup de choses, vous avez surmonté beaucoup d'obstacles aussi et vous semblez être vraiment en ce moment dans une belle position, c'est surtout en attente de financement. Mais j'aimerais savoir de quoi êtes-vous le plus fiers et que vous avez le goût de transmettre sous forme de conseil à ceux qui nous écoutent en ce moment, qui sont à la recherche de financement, surtout dans le secteur agricole? [Maryse] - Ben, c'est trouver son produit qui va te passionner à tous les jours. Tu sais, nous, on est tombés en amour avec des oiseaux, puis on va chercher le meilleur d'eux. Tu sais, nos canetons entrent à la maison, ils ont quelques heures, ils ont jamais mangé, ils ont jamais bu. C'est nos petits cocos. Après, ils partent, c'est pas nous qui les mettons en cage, c'est pas nous qui… On fait aucune viande, on fait… On a un élevage complètement adapté pour nous autres. C'est vraiment de trouver ta force. Puis, un coup que tu vas l'avoir trouvée, cette force-là, le reste va venir se communiquer automatiquement, puis, s'il y a problème, tu vas arriver à pallier. Comme moi, là, c'est les réseaux sociaux. J'essaie d'adapter les Instagram et tout ce qui est visuel de patentes. Puis c'est donc ben pas évident. Mais c'est un obstacle, mais je vais le franchir, c'est un défi. Il faut pas tu le gardes en obstacle, dire : « J'y arriverai pas ». Tu tentes de toujours remonter toutes les petites embûches qui peuvent se mettre sur ton chemin. Mais pour ça, ça te prend une passion. C'est la passion. Le rêve et la passion. [Kim] - Au-delà du financement, quand on y pense, les plus riches, c'est avant tout des passionnés, c'est des gens qui aiment leur travail. [Daniel] - Puis faut faire, tu sais, quand je pense que c'est encore là pas seulement pour 100 % d'entrepreneurs handicapés, mais je pense que la passion, puis quand on parle de financement, là, il faut comprendre que quand tu te lances dans un projet comme ça où tu crois en toi, tu te lances pas pour aller chercher un salaire. Tu comprends? Tu t'investis pour un rêve puis pour un futur puis pour t'accomplir. Le salaire viendra s'il y a à venir. Mais il faut pas regarder, moi je pense que quand tu te… Il faut pas se créer une entreprise en se disant : « Moi j'ai besoin d'un salaire ». Parce que si tu fais ça, tu vas être déçu. Je pense que quand tu te dis, moi je me crée une entreprise, quand nous, moi et Maryse, on a décidé d'être entrepreneurs, on s'est regardé : « Est-ce qu'on aime ça? Est-ce qu'on va s'accomplir? Puis est-ce qu'on va rester maître ou maîtresse de ça? » Les trois, ça a été des oui. Et là, après ça, on verra le salaire, mais il faut pas. Il ne faut pas se partir parce que sinon on va être déçu en tabarnouche. En plus de démontrer tous les jours que deux personnes aveugles, avec une passion, réussissent à faire de l'entrepreneuriat, en plus, nous, on a cette chance-là d'avoir un produit qui est non connu, qu'on fait découvrir de jour en jour. C'est incroyable. À chaque jour, on a des messages de personnes à travers le Québec qui nous écrivent pour dire merci. Merci de me faire découvrir ce produit-là. Donc, on a cette chance-là sur deux plans de recevoir des beaux messages, des messages pour le produit et des messages pour notre persévérance. [Kim] - Moi, je vous dis merci d'avoir été là, d'être venus partager votre parcours parce que vous êtes vraiment deux personnes exceptionnellement inspirantes. [Daniel] - Merci à vous. [Maryse] - Moi, je voudrais rajouter… Il faut mettre tout en parallèle. Un entrepreneur qui veut aller chercher du financement, qui a toutes ses capacités, qui a tous ses moyens, si on veut, c'est sûr que ça sera toujours plus facile. Mais la société comme elle est aujourd'hui avec la mentalité qu'on a ici, on ne recule pas de temps en temps avec ça que toutes les personnes handicapées, peu importe lesquelles, étaient cachées, étaient dans des instituts, étaient voire dans des greniers. C'est des années 60, on n'est pas si loin de ça. On a fait déjà des grands pas de géants, moi je trouve, les personnes handicapées, avec d'où qu'on vient. [Daniel] - Puis, comme dit Maryse, c'est nouveau, puis moi, je compare ça beaucoup à la pollution ou aux changements climatiques. Avant de changer les grands, les décideurs, ça prend des gens comme vous, des gens comme Chantal, parce que ces gens-là, ce sont des gens comme ça qui sont sur le terrain, qui vont se battre pour que ça change en haut. Et ça, merci à Chantal, merci à toi Kim, de prendre du temps pour faire ces choses-là. Parce que c'est par ici que ça va commencer à changer, il ne faut pas attendre. [Chantal] - On croit énormément au levier entrepreneurial, le levier financier, le levier entrepreneurial pour changer le monde et ça prend des inspirations comme vous. On l'a vécu auprès, je le disais, avec Femmessor et les femmes, avec les entrepreneurs en situation d'handicap, on veut vraiment que ce soit la révélation et que plus d'entrepreneurs comme vous aient le micro. [Daniel] - Tant que tu seras là, il y en aura qui vont sortir parce que c'est très difficile de croire en un rêve quand tu as passé ta vie souvent à te faire tasser par ton handicap, souvent en situation d'employabilité, tu te fais souvent mettre de côté. Moi, j'ai étudié en droit, j'avais les meilleures notes de probablement… Une des meilleures notes de tout mon baccalauréat. Puis quand je suis arrivé, les seuls emplois qu'on m'offraient, c'était soit de l'entrée de données ou tout simplement me dire que: « Non, on n'a peur qu'un client Daniel, mais qu'il voit que tu es aveugle, qu'il n'ait plus confiance au cabinet ». - Alors, tu te fais dire ça. [Maryse] - Ils te mettent dans une case. [Daniel] - C'est… Il faut… Ça prend des gens comme vous, des gens comme… Pour qu'on puisse continuer à y croire, pour qu'il y ait des gens aujourd'hui qui se lèvent, qui disent: « Oui, moi j'ai un rêve, puis oui, je vais le faire ». [Chantal] - Nous sommes tous acteurs de changements. C'est vraiment inspirant. Et puis, merci du message d'oser là, d'oser rêver, mais aussi de prendre action. Donc, n'hésitez pas, tous les entrepreneurs qui nous entendent, d'aller sur evol.ca, remplissez le formulaire, vous serez contactés par un ou une conseiller(ère) en préfinancement qui va pouvoir vous offrir des conseils et qui va pouvoir vous accompagner dans votre projet. Donc, evol.ca, osez, allez-y, vous allez pouvoir avoir les conseils nécessaires. [Kim] Merci Daniel, merci Maryse, merci beaucoup Chantal. Merci d'avoir été avec nous pour cet épisode du balado Capable, entreprendre sans limites. Pour le prochain épisode, on va parler de savoir gérer. C'est un rendez-vous à ne pas manquer. [Narrateur] [Votre gouvernement. Logo du gouvernement du Québec.]