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Volume 13 - numéro 1 - printemps 2019

ACTUALITÉS

Expérience inclusive de plein air dans un parc urbain : une étude, un guide et… une grille d’évaluation à venir

Image du Rapport intérimaire Projet : « Living Lab sur l'expérience de plein air dans un parc urbain : une voie pour soutenir la participation sociale et un mode de vie actif chez les personnes ayant des incapacités »

La proximité des parcs urbains serait un milieu propice pour favoriser la pratique d’activités de plein air accessibles chez les personnes ayant différents types d’incapacités. Ainsi, leur faire vivre l’expérience inclusive de plein air en parcs urbains serait facilité en raison de la distance à parcourir pour s’y rendre en utilisant le service de transport en commun ou adapté de leur municipalité et de la proximité des lieux pouvant les encourager à une pratique régulière de ces activités.

C’est sur cette prémisse qu’une récente étude intitulée Déterminants de l’expérience inclusive de plein air en parc urbain : Étude par Laboratoires vivantsCe document hébergé dans le site Web de l'Office se téléchargera dans une nouvelle fenêtre.[1] a été réalisée par l’équipe de recherche de madame Hélène Carbonneau, professeure titulaire au Département d’études en loisir, culture et tourisme à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Grande adepte de plein air, madame Carbonneau et son équipe de recherche ont sillonné trois parcs urbains en compagnie de participants et de participantes ayant différents types d’incapacités, ainsi que de partenaires du milieu, pour vivre ensemble cette expérience de plein air.

Pour réaliser cette étude, financée en partie avec notre Programme de subventions à l’expérimentation, l’équipe de recherche a choisi l’approche par Laboratoires vivants afin de mieux comprendre ce qui facilite ou limite la qualité de l’expérience de plein air de ces personnes dans ces parcs urbains. Nous avons rencontré la chercheure principale afin qu’elle nous explique les principaux constats de cette recherche ainsi que les éléments qui influencent la qualité de l’expérience inclusive de personnes ayant des incapacités dans un parc urbain.

L’idée d’origine

D’entrée de jeu, cette récente étude s’inscrit dans une démarche de recherche sur l’expérience inclusive de plein air qu’elle a commencée il y a près de six ans. « Cette recherche provient d’une première étude sur l’expérience en pourvoirie des personnes handicapées menée par Estelle Nauroy, une étudiante au master. L’idée de départ était que si l'on rend le plein air accessible dans un milieu naturel, après ça, aller à la bibliothèque, ça va être plus facile », raconte madame Carbonneau.

Par la suite, la réalisation d’un inventaire des lieux d’activités de plein air accessibles au Québec a mené son équipe de recherche à réaliser une deuxième étude dans quinze milieux de plein air auprès de dirigeants, d’intervenants et de participants ayant des incapacités. Cette fois-ci, son équipe a documenté les conditions déterminantes d’une offre inclusive d’activités de plein air, comme les activités nautiques, le vélo ou le ski alpin. Ces résultats ont mené à la production de trois guides, dont un qui met en relief les facteurs déterminants de la qualité de l’expérience. Elle souligne que les trois conditions de la qualité de l’expérience sont l’individualisation de l’approche et de pouvoir utiliser son potentiel, la maximisation du plaisir ressenti ainsi que la qualité des relations avec le personnel et les autres participants et participantes. 

« À partir de ce moment, on s’est rendu compte que le premier lieu où l’on pouvait amener ces personnes à croire que le milieu naturel pouvait être un endroit favorable pour elles, c’était le parc urbain. Si elles commencent à aller au parc urbain et qu’elles vivent de bonnes expériences, peut-être qu’éventuellement, elles iront faire du plein air en milieu naturel, comme dans un parc de la SEPAQ (Société des établissements de plein air du Québec) », soutient-elle.

Faire vivre l’expérience

Elle mentionne que le choix de l’approche par Laboratoires vivants s’est imposé d’emblée. Il s’agit d’une approche permettant de comprendre en profondeur et de documenter le vécu des personnes dans un environnement donné. « Auparavant pour mes études, j’allais chercher l’information par entrevues, mais ce n’était pas aussi précis que de vivre l’expérience avec eux. Comme on amenait des personnes dans un milieu qu’elles fréquentaient peu ou pas pour certaines, on ne pouvait pas leur demander ce qu’elles aimaient ou non des activités proposées dans le parc urbain. » Elle précise que pour moduler l’expérience du plein air, la rendre accessible et l’ajuster au besoin des personnes, il fallait répondre à ces questions : est-ce qu’elles vont au parc urbain? Est-ce qu’elles ont du plaisir? Pourquoi reviendront-elles ou non?

Ainsi, trois laboratoires vivants ont été menés dans trois villes de tailles différentes avec la participation de six personnes ayant différents types d’incapacités et d’au moins un à deux représentants ou représentantes des villes, d’au moins une assistante de recherche et de deux chercheuses. Chacun de ces laboratoires vivants comprenait trois étapes, dont une première rencontre pour planifier la journée d’activités en tenant compte des attentes des participants et des participantes pour les activités, une visite d’exploration au parc ainsi qu’une rencontre de retour sur l’expérience. « On vivait et captait l’expérience avec les participants et les participantes avec l’aide de caméras vidéos, d’appareils photos et d’enregistreuses. Ensuite, on a fait une analyse de l’expérience en faisant ressortir les points positifs et les points négatifs. On faisait un premier bilan et on allait revoir le groupe pour confronter notre analyse à leur perception. Est-ce qu’on a bien interprété ce que vous avez vécu? Il y a des choses qu’on a changées en les écoutant et à la fin, on a combiné les bilans des trois cas pour faire ressortir les généralités », explique madame Carbonneau.

L’expérience inclusive commence avant d’aller au parc

 « Le premier constat, c’est l’importance de l’information fournie sur ce que l’on peut faire au parc, sur la façon de s’y rendre et s’y déplacer. Si ce n’est pas fait, l’organisation a beau faire les meilleurs aménagements pour les rendre accessibles, créer les choses les plus extraordinaires, personne n’ira dans son parc. Il faut que les gens aient accès à cette information sur les activités et les services accessibles dans le parc. Il faut aussi que cette information soit claire et complète », révèle-t-elle.

Elle ajoute d’ailleurs que cette information va au-delà de savoir si les services de base sont accessibles, comme les salles de toilettes, mais aussi d’être informés du matériel adapté mis à leur disposition pour participer à l’activité, notamment un lève-personne pour la piscine, des fauteuils roulants amphibies pour jouer dans les jeux d’eau, etc.

« Puis, je n’irai au parc si je n’ai pas du plaisir parce que c’est trop exigeant pour me déplacer en fauteuil roulant. Ainsi, la configuration des lieux est importante pour faciliter les déplacements d’un lieu à un autre. Quand j’arrive au parc, il faut aussi que je puisse facilement et aisément m’orienter et me rendre aux activités offertes. Si par exemple, le module de jeux est à l’autre bout du parc par rapport au stationnement et que je suis un parent en fauteuil roulant. Au dîner, la distance entre la voiture et le module de jeux peut devenir difficile pour aller chercher le pique-nique. »

Son étude révèle aussi d’autres éléments qui influencent la qualité de l’expérience, comme la facilité de transport pour se rendre au parc, l’accessibilité du mobilier et des équipements ainsi que la qualité des liens sociaux entre la personne handicapée et le personnel, ainsi que les autres usagers du parc.

Pour madame Carbonneau, il s’agit parfois de petits détails qui pourraient faire toute la différence dans la qualité de l’expérience.

Transférer les connaissances

Image du Guide d’analyse de l’expérience inclusive en parc urbain.

Madame Carbonneau fait toujours en sorte que ses recherches puissent servir sur le terrain. C’est pourquoi les résultats de son étude ont mené à la rédaction du Guide d’analyse de l’expérience inclusive en parc urbainCe document hébergé dans le site Web de l'Office se téléchargera dans une nouvelle fenêtre. et au développement d’une grille d’évaluation qui devrait être prête à l’automne 2019 grâce à un soutien du groupe de recherche Participation sociale et villes inclusives. « On est retourné un an après l’étude. On a vu qu’il y avait eu des changements où l’on avait indiqué un problème. Les trois lieux avaient fait des bonifications dans leur offre inclusive. Le secret dans la recherche participative et encore plus dans la recherche-action, il faut que le monde puisse participer, se l’approprier et que ça leur serve après. »

Enfin, elle souhaite que le guide et la grille d’évaluation soient utiles pour sensibiliser et outiller les milieux municipaux qui voudraient maximiser l’accès à l’expérience de plein air au sein des parcs urbains, pour les personnes ayant des incapacités. « Ils peuvent l’utiliser en formant leurs propres comités d’experts, composés de personnes handicapées, d’élus et de partenaires du milieu pour analyser leurs parcs. Ensuite, ils pourront ensemble réfléchir aux pistes de solution », conclut-elle.


[1] CARBONNEAU, H., MIAUX, S., POLDMA, T., LE DORZE, G., MAZER, B., GILBERT, A., HAMMOUNI, Z. (encours de traduction), Déterminants de l’expérience inclusive de plein air en parc urbain : Étude par laboratoires vivants, À être soumis à la revue Leisure sciences.

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