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Cyberbulletin officiel de l'Office des personnes handicapées du Québec

Volume 13 - numéro 7 - janvier 2020

ACTUALITÉS

Pour une approche novatrice des services socioprofessionnels et communautaires

Photo d'un jeune serveur ayant une déficience intellectuelle.

Au Québec, les personnes ayant une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA) peuvent fréquenter le milieu scolaire jusqu’à l’âge de 21 ans. Afin de mener une vie active à la fin de ce parcours scolaire, l’Office et plusieurs intervenants recommandent que soit mis en place un processus de transition au moins trois ans avant la fin des études pour les accompagner dans l’élaboration et la réalisation de leur projet de vie, avec le soutien de leur famille. Cette période de transition couvre différentes sphères de vie pour lesquelles des actions doivent être prévues afin de les préparer à leur vie active. Il peut s’agir d’intégration en emploi, de formations, de loisirs, de transport, de relations interpersonnelles, etc.

Cette période de transition est très importante pour ces personnes puisqu’elle orientera de façon considérable leur avenir. En effet, celle-ci déterminera l’offre de services d’intégration socioprofessionnelle et communautaire qui sera mise en place pour assurer la continuité des activités permettant à ces jeunes de 21 ans et plus de développer ou maintenir leur autonomie fonctionnelle, sociale et professionnelle. Toutefois, plusieurs adultes ayant une DI ou un TSA rencontrent des difficultés importantes au terme de cette transition, par manque de soutien ou de services à cet égard.

Alors, comment améliorer les services d’intégration socioprofessionnelle et communautaire qui sont offerts à ces adultes afin qu’ils aient une occupation du temps valorisante? C’est sur cet enjeu que porte une récente étude qui s’intitule « Identification et évaluation de modèles de services socioprofessionnels et communautaires afin de dégager des pratiques porteuses soutenant l’autodétermination et la participation sociale d’adultes présentant un TSA ou une DI ».

Cette étude a été réalisée par l’équipe de recherche de monsieur Martin CaouetteCe document hébergé dans le site Web de l'Office se téléchargera dans une nouvelle fenêtre.[1], professeur au Département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), dans le cadre d’un appel de proposition financé conjointement par l’Office et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Pour réaliser ce projet, l’équipe de recherche a répertorié 105 modèles de services socioprofessionnels et communautaires dans les régions représentatives de la réalité sociodémographique du Québec. Il s’agit des régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec, de la Capitale-Nationale, de Montréal, de l’Outaouais et de l’Abitibi-Témiscamingue. Les différents modèles de services ont été analysés à la lumière d’une recension des écrits portant sur les modèles ayant démontré leur efficacité. Cette phase de l’étude a ainsi permis à l’équipe de recherche de choisir et d’évaluer en profondeur cinq milieux de pratiques, retenus pour leur approche innovante.

Nous avons rencontré le chercheur principal afin qu’il nous explique les principaux constats de cette recherche qui a mené au développement d’un modèle proposé de services intégrant les « bonnes pratiques ».

Documenter pour mieux comprendre

Dès le départ, Martin Caouette et son équipe de recherche ont dressé un portrait détaillé de ce qui se fait en matière d’intégration socioprofessionnelle et communautaire. Cette analyse leur a permis de choisir les modèles de services qu’ils allaient étudier en profondeur en s’appuyant, entre autres, sur des critères communs, comme la présence de collaborations et la participation des personnes ayant un TSA ou une DI au fonctionnement de l’organisation. Selon monsieur Caouette, le choix des initiatives étudiées devait aussi permettre d’apporter des solutions concrètes et applicables aux problèmes rencontrés par les personnes ayant un TSA ou une DI des profils de besoin 2, 3 et 4, comme présentés dans l'encadré ci-dessous.

Profils de besoins des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme identifiés par le chercheur principal du rapport

  • Profil 1 : Personnes qui réussissent à s’intégrer dans un emploi, soit un emploi régulier ou un emploi subventionné. Ces dernières sont celles pour qui le système actuel fonctionne plutôt bien.
  • Profil 2 : Personnes qui ont encore besoin de formation après l’âge de 21 ans pour pouvoir s’intégrer dans un emploi régulier. Cette formation vise à développer des compétences de base, comme savoir gérer son horaire ou développer des habiletés sociales.
  • Profil 3 : Personnes qui ne sont pas en mesure de développer un niveau d’employabilité suffisant pour occuper un emploi régulier. Elles peuvent participer à des activités contributives dans la communauté par la production de biens ou de services leur permettant de se sentir utiles par le travail. Le défi est de les amener à occuper des fonctions dans lesquelles elles vont être suffisamment compétitives pour accéder à un véritable emploi.
  • Profil 4 : Personnes inaptes à intégrer un emploi en raison de leurs incapacités. Celles-ci peuvent participer à des activités de jour variées et stimulantes visant le développement de leur autonomie et le maintien de leurs acquis au sein de la communauté. Pour ces personnes, le défi important se situe au niveau des enjeux d’horaires et de flexibilité dans les centres d’activités de jour. Un autre défi de ces centres d’activités est celui d’offrir des activités qui sont réellement stimulantes et qui permettent aux personnes de continuer à maintenir et à développer leurs compétences tout au cours de la vie.

L’analyse menée a permis de faire ressortir plusieurs constats. Un de ceux-ci est que les services socioprofessionnels et communautaires sont organisés de façons différentes d’une région à l’autre. « Il a donc fallu comprendre ces modèles de services par dynamique régionale parce qu’il y avait vraiment trop d’écarts pour les comparer entre eux », souligne monsieur Caouette.

Un autre constat porte sur la nécessité d’une coordination entre les différents partenaires « La coordination des efforts entre le milieu de l’éducation, de l’emploi et de la santé et des services sociaux est un défi important pour accompagner les personnes handicapées à développer leur employabilité, mais aussi leurs compétences sociales pour arriver à s’intégrer en emploi.», mentionne-t-il. Selon lui, la mise en commun de ressources provenant de ces trois partenaires concernés par les activités socioprofessionnelles et communautaires est incontournable pour arriver à mieux accompagner la personne handicapée en fonction de son profil de besoins, de ses capacités et de ses intérêts dans son parcours.

Leur troisième constat concerne le défi de la transition de l’école vers la vie adulte. « Cette planification de l’intégration socioprofessionnelle et communautaire devrait se faire en amont à partir de l’âge de 17 ou 18 ans, de façon à ce que la personne n’arrive pas à 21 ans avec rien devant elle », soutient-il.

Mieux soutenir l’autodétermination des personnes ayant un TSA ou une DI

Les résultats d’analyse ont mené à développer un modèle de services intégrant les « bonnes pratiques », qu’ils ont appelé le Modèle d’accompagnement individualisé d’intégration socioprofessionnelle ou communautaire. Ce modèle s’adresse aux personnes ayant une DI ou un TSA ayant des profils de besoin 2, 3 et 4, dont la situation requiert une concertation des différents acteurs concernés par l’intégration socioprofessionnelle et communautaire. « Les principes de base au cœur du modèle sont de miser sur le développement des capacités de la personne pour tendre à maximiser sa participation dans la communauté et cela doit découler d’une collaboration entre les divers partenaires. Ce qui est vraiment central dans ce modèle, c’est le lieu de coordination que l’on a appelé le “Carrefour socioprofessionnel et communautaire”. Il s’agit d’un lieu où l’on retrouve les expertises du milieu de l’emploi, de l’éducation et de la santé et services sociaux. D’une part, l’idée de ce lieu de concertation local consiste à réunir les différentes expertises formant un comité clinique pour évaluer la situation de la personne afin de l’orienter vers la ressource la mieux adaptée pour répondre à ses besoins spécifiques en lien avec ses capacités et ses intérêts. D’autre part, ce comité clinique est en place aussi pour le démarchage de nouveaux lieux ou endroits permettant de diversifier les possibilités d’activités socioprofessionnelles et communautaires pour les personnes ayant un TSA ou une DI », explique monsieur Caouette.

Il ajoute qu’il s’agit ici de s’assurer que toutes ces personnes trouvent une réponse adéquate à leurs besoins pour pouvoir évoluer vers d’autres expériences socioprofessionnelles et communautaires tout au cours de leur vie, selon leurs besoins et leurs intérêts.

Travailler en synergie

Monsieur Martin Caouette.

Monsieur Caouette estime que le défi principal pour appliquer ce modèle de services au Québec est de travailler autrement en mettant en commun des ressources provenant de différentes organisations. « Sur le terrain, les différents acteurs concernés sont prêts à le faire parce que le constat s’impose depuis plusieurs années. Il y a une forte volonté sur le terrain de travailler en synergie, même si c’est un défi important! »

Ainsi, la première recommandation que son équipe et lui mettent de l’avant est de commencer à appliquer ce modèle avec les milieux de concertation déjà existant dans les régions du Québec. « L’autre recommandation est de l’expérimenter en projet pilote, c’est-à-dire de faire l’exercice dans quelques régions au Québec pour voir comment mettre en œuvre ce modèle et les défis que cela peut représenter sur le plan de l’opérationnalisation. Une autre recommandation est celle d’identifier clairement les ressources pouvant être mises à disposition pour chacun des ministères afin de rendre ce carrefour possible », précise le chercheur.

Somme toute, l’application de ce modèle de services au Québec aurait l’avantage de permettre aux parents de se référer à un seul endroit lorsque leur enfant atteint les 21 ans. « De plus, ce modèle qui repose sur un mécanisme de concertation et coordination local serait aussi le principal endroit qui nous permettrait d’avoir des plans d’action par région pour développer des activités socioprofessionnelles et communautaires », conclut monsieur Caouette.


[1] Le chercheur Martin Caouette est également titulaire de la nouvelle Chaire de recherche autodétermination et handicap à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

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