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Office des personnes handicapées du Québec
Office des personnes handicapées du Québec
Nous vivons actuellement une situation hors de l’ordinaire. La pandémie de la COVID-19 amène son lot de défis pour l’ensemble de la population, et ceux-ci peuvent être encore plus importants pour les personnes handicapées qui se retrouvent confrontées à des obstacles supplémentaires. Nous avons, à ce sujet, reçu plusieurs témoignages de personnes handicapées qui se sentent isolées et dont les nouvelles mesures sanitaires compliquent le quotidien.
Par exemple, le port généralisé du couvre-visage (masque) peut rendre difficile la compréhension d’un message par les personnes ayant une incapacité auditive et qui lisent sur les lèvres de leurs interlocutrices ou de leurs interlocuteurs. Le port du couvre-visage peut également grandement incommoder certaines personnes handicapées, notamment celles ayant des problèmes respiratoires. D’autres, n’ayant pas de mobilité du haut du corps, ne peuvent le mettre et l’enlever de façon autonome et sécuritaire.
Le respect de la distanciation physique peut aussi être plus ardu, voire impossible, pour les personnes handicapées qui ont besoin d’une accompagnatrice ou d’un accompagnateur pour se déplacer, ou encore, qui ont des incapacités visuelles, ne pouvant distinguer aisément le deux mètres de distance avec autrui.
Pour ces raisons et d’autres encore, il est possible que certaines personnes handicapées aient de la difficulté à suivre certaines consignes sanitaires. Dans bien des cas, la solidarité et la compréhension de la population pourraient toutefois faire toute la différence pour ces personnes!
À ce sujet, Express-O s’est entretenu avec Yves, une personne handicapée, qui a accepté de témoigner des défis rencontrés depuis le début de la pandémie et de quelle façon la population peut réduire ces obstacles.
Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre incapacité?
Je m’appelle Yves et je suis pratiquement aveugle. Ma vision est si faible que je vois à moins d’un mètre devant moi. Cela dit, j’aime beaucoup la marche, seul ou accompagné. Enfin, je me déplace toujours avec la canne blanche.
Quels obstacles avez-vous rencontrés depuis le début de la pandémie en tant que personne handicapée? Avez-vous un ou des exemples particuliers dont vous aimeriez nous faire part?
Le principal obstacle que je rencontre concerne la règle de distanciation sociale. En effet, comme ma vision ne me permet pas de percevoir la présence d’autres personnes, je me trouve dans l’incapacité de respecter la distanciation recommandée, pour des raisons tout à fait hors de mon contrôle. Par conséquent, je suis porté à demeurer chez moi. Or, les beaux jours arrivent et l’exercice me ferait grand bien.
De quelle façon la population peut-elle vous aider à surmonter ces obstacles?
La meilleure façon dont la population peut m’aider, c’est simplement en pratiquant la distanciation sociale à mon endroit lorsque je m’approche d’eux avec ma canne blanche. Non pas en se fâchant après moi parce que je ne prends pas mes distances, mais en comprenant que je ne suis évidemment pas en mesure de le faire en raison de ma cécité. De cette manière, tout le monde sera en sécurité, ce qui représente pour moi une marque de solidarité très appréciée!
En plus du témoignage d’Yves, quatre personnes handicapées ont accepté de témoigner des obstacles rencontrés dans le cadre de la pandémie et de quelles façons la population peut les soutenir. Une vidéo de leur témoignage a ainsi été produite. Vous pouvez la visionner sur notre site Web et notre compte YouTube
, et elle sera prochainement mise en ligne sur notre page Facebook.
Gabriel, qui a une incapacité intellectuelle, nous a confié qu’« en ce qui concerne la situation et le virus, c’est important que les gens soient patients et prennent le temps de bien m’expliquer. » Comme beaucoup d’entre nous, il a bien hâte que ce virus soit derrière nous afin de pouvoir reprendre ses activités!
Kim, qui a une incapacité auditive, nous rappelle que ces temps sont particulièrement difficiles pour les personnes sourdes ou malentendantes qui ne peuvent plus avoir recours à la lecture labiale lorsque la population porte un masque. Son conseil est le suivant : « Soyez plus patients, tout simplement, et acceptez de communiquer autrement, par l’écrit. »
Marie-Pier, qui a une incapacité motrice, nous confie qu’il est souvent impossible pour elle de respecter la distance de deux mètres, car « [elle] a souvent besoin d’aide pour accomplir certaines choses. » Elle souhaite adresser le message suivant à la population : « Restez tolérants et compréhensifs face à notre réalité. Nous ne sommes pas mal intentionnés et ce n’est pas parce que nous ne voulons pas respecter les consignes, mais parce qu’il y a une difficulté physique pour nous d’y arriver. »
Yvon, qui a une incapacité visuelle, nous explique qu’il est difficile de respecter la distanciation physique avec un chien-guide, qui n’a pas été dressé pour cela. « Depuis quelque temps, je reçois quelques commentaires de personnes qui ne sont pas contentes que je zigzague entre elles avec mon chien. Mais je n’ai pas d’autres façons de me déplacer, et j’ai besoin de sortir de chez moi, comme tout le monde. » Il souhaite ainsi « faire appel au public pour de la compréhension et de l’empathie ».
Pour faire écho à leurs paroles, nous vous invitons, en cette Semaine québécoise des personnes handicapées, à faire preuve de respect, de compréhension et d’entraide envers les personnes handicapées qui vivent actuellement des obstacles supplémentaires et qui ont besoin d’accommodements en soutien à leur participation sociale.
Merci de partager ce message en grand nombre!
